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Covid-19, le tiers de l’humanité confinée : résumé de la semaine

Odeonsplatz, à Munich, dans le sud de l’Allemagne, le 27 mars. Les rues de la capitale bavaroise sont désertes. Photo by : Christof STACHE / AFP

France

Depuis le début de l’épidémie, au moins 1 696 personnes sont mortes du Covid-19. Jeudi 26 mars, Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, a annoncé 365 nouveaux décès en 24 heures, dont une adolescente de 16 ans. 3 375 personnes étaient alors hospitalisées en réanimation. Parmi elles, 34 % avaient moins de 60 ans. 29 155 cas ont été confirmés par tests PCR. Les chiffres officiels de la mortalité du Covid-19 sont cependant sous-estimés puisque les morts en Ehpad et à domicile ne sont pas comptabilisés. Le bilan des décès est basé uniquement sur les chiffres hospitaliers. Santé Publique France a annoncé, mercredi 25 mars, que 41 836 personnes avaient consulté un médecin généraliste la semaine précédente pour cause de coronavirus.

Depuis mardi 17 mars à midi, 67 millions de Français sont confinés chez eux. Dès l’annonce du confinement lors d’une allocution présidentielle lundi 16 mars au soir, de nombreux citadins se sont déplacés pour aller se confiner à la campagne. C’est notamment le cas sur la côte Atlantique où les habitants sont depuis inquiets. Cela peut poser des problèmes pour le nombre de lits dans des hôpitaux qui sont moins nombreux qu’à Paris. Le confinement exacerbe aussi les inégalités. De nombreux titres de presse ont sollicité des écrivains pour un journal du confinement (Leïla Slimani pour Le Monde, Marie Darrieussecq pour Le Point …). Ils y décrivent un confinement bien loin des familles entassées en banlieue ou encore des étudiants coincés dans des chambre Crous de 9m². La durée initiale de ce confinement, qui était fixée à deux semaines par Emmanuel Macron, a été prolongée jusqu’au 15 avril minimum, a annoncé Edouard Philippe le 27 mars. Le Conseil scientifique avait rendu, mercredi 25 mars, un avis favorable pour un confinement de six semaines.

L’éducation nationale en mode numérique. Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé, dimanche 22 mars, qu’un retour des élèves pourrait être envisageable autour du 4 mai. Mais cela a laissé de nombreuses questions en suspens : la tenue des vacances scolaires et des examens notamment. Pour la première, il s’agit d’une fausse information ayant circulé sur les réseaux sociaux : le report des vacances scolaires n’est pas envisagé par le gouvernement. En ce qui concerne les examens, les réponses diffèrent. Pour le baccalauréat, Jean-Michel Blanquer a promis une réponse début avril. Tous les autres concours nationaux prévus ce printemps sont reportés ou remplacés. Enfin, le gouvernement a demandé aux établissements et aux parents d’assurer au mieux une « continuité pédagogique ». Les professeurs ont donc adapté leurs cours sur les plateformes numériques. Une méthode qui peut exacerber les inégalités, certains élèves ne possédant pas d’ordinateur.

L’état d’urgence sanitaire déclaré. Dimanche 22 mars, le Parlement a définitivement adopté la loi permettant l’instauration d’un « état d’urgence sanitaire ». Ce nouveau régime – une première dans l’histoire du pays – a entre autres pour but d’encadrer le confinement et de restreindre les libertés publiques pour faire face à l’épidémie de Covid-19. L’arsenal du gouvernement est ainsi étendu puisque le Premier ministre a déjà pu prendre, par décret, plusieurs dispositions. Parmi elles, celles relatives directement à l’état d’urgence sanitaire (restriction ou interdiction de circulation des personnes), des mesures d’urgence économique (dérogations au droit du travail) ou encore de nouvelles modalités électorales pour le second tour des élections municipales, qui devrait normalement avoir lieu le 21 juin.

La chloroquine à l’essai. La molécule plébiscitée par le Pr Didier Raoult, infectiologue marseillais, fait depuis lundi 23 mars l’objet d’un essai clinique européen nommé « Discovery ». Quatre traitements vont être testés contre le Covid-19 – dont la chloroquine – par 3100 patients européens, dont 800 français recrutés sur la base du volontariat. Après avoir mené sa propre expérimentation sur 24 patients hospitalisés à la Timone (Marseille), Didier Raoult a exhorté le monde médical à recourir à ce traitement. Il a estimé qu’il serait « immoral » de ne pas l’utiliser au service des malades. Deux camps s’affrontent, puisque nombre de médecins ainsi que l’OMS (Organisation mondiale de la santé) ont appelé à la prudence compte tenu du fait qu’il est pour l’heure difficile de se prononcer sur la réelle efficacité du médicament, habituellement utilisé pour traiter le paludisme. Les premiers résultats de l’essai Discovery devraient être connus au minimum mi-avril.

Pénurie de masques. Face à l’épidémie de Covid-19, de nombreux professionnels de la santé ont dénoncé le manque de masques. En une décennie, les stocks ont été divisés par dix. Il y a onze ans, la France disposait d’un stock conséquent d’un milliard de masques chirurgicaux et de 723 millions de masques respiratoires aussi appelés FFP2. Aujourd’hui, le pays compte seulement 110 millions de masques chirurgicaux dans ses réserves. En 2010, l’État a décidé de ne pas renouveler certains stocks périssables en raison de leur composition, comme les masques FFP2. Cette stratégie aurait permis de réaliser des économies considérables. « Pour nous, c’est un véritable scandale d’État », a déclaré le porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), Thierry Amouroux. Il a dénoncé la mauvaise gestion de la crise par le gouvernement. En janvier, Agnès Buzyn, alors ministre des Solidarités et de la Santé, déclarait pourtant qu’il n’y aurait pas de pénurie de masques sur le sol français.

De lourdes conséquences économiques. L’activité économique de la France est actuellement réduite de 35% par rapport à une situation « normale », selon les premières estimations de l’Insee dévoilées jeudi 26 mars. Jeudi 12 mars, l’indice de référence de la Bourse de Paris, le CAC 40, a enregistré une chute de 12,3%, soit la plus forte baisse depuis sa création en 1987. Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, a notamment détaillé un plan d’urgence de 45 milliards d’euros pour aider les entreprises et les travailleurs. Parmi les ordonnances comprises dans la loi d’urgence sanitaire, plusieurs touchent au droit du travail. Ainsi, certains salariés pourront être amenés à travailler 60 heures par semaine contre 48 heures actuellement. Cette disposition ne s’appliquera qu’aux entreprises particulièrement nécessaires à la sécurité de la Nation ou à la continuité de la vie économique et sociale.

#CultureChezNous. Mercredi 18 mars, le ministère de la Culture a lancé l’opération « Culture chez nous », en mettant en ligne une plateforme rassemblant les initiatives prises par les institutions culturelles. Des sites divers, proposant des concerts, des visites virtuelles de musées, des films et documentaires ou encore des livres numériques, sont répertoriés. Il est ainsi possible de faire une visite virtuelle du Louvre, du musée Grévin ou encore du château de Versailles. L’opéra de Paris diffuse gratuitement sur son site une nouvelle production toutes les semaines. La Philharmonie de Paris a mis à la disposition du public 900 concerts en streaming. La bibliothèque nationale de France (BNF) offre l’accès à des livres au format numérique, à plusieurs millions de documents via le site Gallica ou encore à des expositions virtuelles.

Monde

La pandémie progresse dans le monde​. Plus d’un tiers de l’humanité est concerné par les mesures de confinement. Selon les données disponibles vendredi 27 mars à 11 h, le virus a tué au moins 24 663 personnes dans le monde depuis son apparition au mois de décembre 2019 en Chine. C’est 2 796 de plus que jeudi 26 mars, à la même heure. 539 360 cas ont été diagnostiqués, (58 130 de plus que jeudi) dans 183 pays et territoires. Mais ces chiffres sur le nombre de cas sont à prendre avec prudence car une majorité de pays réalise les tests uniquement sur les personnes nécessitant une prise en charge hospitalière.

En Chine, la province du Hubeï sort progressivement du confinement. Le foyer initial de l’épidémie de Covid-19 revient à la vie. Dans la province chinoise du Hubeï, 56 millions d’habitants sont de nouveau autorisés à sortir de leurs domiciles et à se rendre au travail. À Wuhan cependant, où le coronavirus a tué au moins 2 500 personnes, les 11 millions de résidents ne pourront pas mettre fin à leur confinement avant le 8 avril. Les autorités chinoises entendent également maîtriser les retours vers la capitale. Mardi 24 mars, Wuhan a connu son premier cas de coronavirus en cinq jours. La Chine concentre désormais ses efforts sur les entrées dans le pays. Jeudi 25 mars, les autorités sanitaires chinoises ont rapporté 67 nouveaux cas de contamination, tous venus de l’étranger.

 

 

Le coronavirus se propage en Afrique. Longtemps épargné par le virus, le continent africain a vu le nombre de cas et de victimes du Covid-19 se multiplier. D’après un dernier bilan établi vendredi 27 mars à 11 h, 3 340 personnes seraient atteintes par le nouveau coronavirus et 91 personnes seraient mortes, soit 27 décès de plus que la veille à la même heure. Sur les 54 pays que compte le continent, 43 seraient pour le moment touchés. Mardi 24 mars, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a demandé 150 milliards de dollars, soit 138 milliards d’euros, au G20, pour venir en aide au continent africain. Jeudi 26 mars, un sommet s’est tenu, en visio-conférence, entre les vingt principales puissances économiques mondiales pour tenter de coordonner leur réponse face à la menace de récession de l’économie mondiale.

 

Les Italiens, principales victimes du Covid-19. L’Italie recensaient 80 539 cas de nouveau coronavirus le vendredi 27 mars, selon un comptage relayé par l’AFP. L’Italie est le pays le plus touché par la pandémie avec plus de 8 165 décès comptabilisés vendredi à 11 h. Les autorités italiennes considèrent que 9 362 personnes sont désormais guéries. Pour faire face à cette situation, la Chine a souhaité apporter son aide à l’Italie, en faisant parvenir 680 000 masques et respirateurs. Mais une enquête publiée samedi 21 mars par le quotidien italien La Repubblica, s’appuyant sur les révélations du chercheur tchèque Lukas Lev Cervinka, a révélé que ce matériel envoyé par la Croix-Rouge de la province chinoise du Zheijiang à l’Italie aurait été détourné par la République tchèque. Si Prague a annoncé avoir saisi du matériel à des entreprises qui auraient tenté de spéculer sur leurs coûts, le ministre de l’Intérieur tchèque Jan Hamacek a concédé qu’une « partie de cette saisie était un don chinois pour l’Italie ».

Le bilan s’alourdit en Espagne. Le nombre de mort en Espagne a dépassé celui de la Chine. Le pays compte au moins 42 000 contaminés et plus de 4 000 victimes. En Catalogne et dans la région de Madrid, les plus touchées par l’épidémie, les services des pompes funèbres, tout comme les hôpitaux sont débordés. Le personnel soignant s’est insurgé de leur manque de moyens sur les réseaux sociaux, notamment l’absence de protection pour les infirmiers et médecins dans les Ehpad. Le gouvernement a annoncé la commande pour 432 millions d’euros de matériel sanitaire à la Chine, tandis que l’armée a été réquisitionnée pour désinfecter les maisons de retraites de la capitale.

Face à la pandémie, le Royaume-Uni change de stratégie. Le Royaume-Uni déplore plus de 9 500 personnes contaminées, dont le prince Charles et le Premier ministre, Boris Johnson, et 463 morts. Le Premier ministre a annoncé, lundi 23 mars, le confinement de la population. « Nous ferons le point de nouveau dans trois semaines et assouplirons (ces mesures) si des éléments probants montrent que nous le pouvons », a déclaré Boris Johnson. C’est un tournant dans la stratégie du gouvernement britannique, critiqué pour sa faible réponse à la crise. Les consignes n’étaient jusqu’à lundi que des conseils, qui incitaient les Britanniques à respecter la distanciation sociale et à limiter leurs déplacements. Devant le non-respect de ces recommandations, le Premier ministre a décidé d’interdire les rassemblements de plus de deux personnes et de prendre des mesures de confinement similaires à ses voisins européens pour protéger le système de santé de son pays.

L’Inde entre en confinement total. La deuxième population mondiale – l’Inde compte 1,3 milliards d’habitants – est entrée, mardi 24 mars à minuit, en confinement total pour une durée de trois semaines afin de lutter contre la pandémie de coronavirus. « Si ces 21 jours de confinement total ne sont pas respectés, le pays et votre famille vont revenir 21 ans en arrière », a averti le dirigeant nationaliste hindoue Narendra Modi. Une épidémie à l’échelle nationale serait dramatique. Officiellement, le pays a dépassé la barre des 500 contaminations. Les spécialistes estiment que ces chiffres sont très sous-estimés. Bien que Narendra Modi ait débloqué 1,83 milliards d’euros supplémentaires pour les services de santé, l’Inde ne dépiste pratiquement pas, et surtout, la moitié de la population vit dans des conditions sanitaires très précaires.

Premier cas de Covid-19 en Syrie. Un premier cas de coronavirus s’est déclaré en Syrie. Il s’agit d’une jeune femme de 20 ans « venue de l’étranger » selon les autorités, qui ne précisent ni le pays d’origine, ni la région de cette contamination. Déchiré par la guerre civile depuis 10 ans, la Syrie est un pays où la désinformation circule très rapidement. Damas se défend d’avoir plus de cas, en dépit de sa proximité avec l’Iran, pays le plus affecté par la maladie au Proche-Orient. La Syrie n’a absolument pas les moyens de faire face à une telle épidémie, notamment dans les camps de déplacés. Dans la province d’Idlib, au nord-ouest du pays, trois millions de civils sont entassés et fuient les bombes du régime. La situation n’est pas meilleure dans le nord-est, bien que l’administration semi-autonome des Kurdes ait instauré quelques mesures de confinement.

Les Jeux Olympiques de Tokyo vont être reportés, une première en temps de paix. En raison de la crise sanitaire du Covid-19, le comité international olympique a annoncé mardi 24 mars le report des Jeux de Tokyo « au plus tard à l’été 2021 ». Le président du CIO, Thomas Bach, s’est mis d’accord avec Shinzo Abe, le Premier ministre nippon. Ce dernier a finalement changé d’avis, alors qu’il affirmait le 19 mars sa volonté de maintenir les Jeux « dans leur totalité ». Jeudi 25 mars, le quotidien économique japonais Nikkei a estimé le coût du report à 300 milliards de yens, soit près de 2,5 milliards d’euros, pour le pays qui a décidé de ne pas ralentir son économie face à la pandémie. Aucune mesure de confinement n’est mise en place, malgré les 1 175 cas confirmés au 25 mars.

États-Unis : le prochain épicentre du Covid-19. Avec plus de 1 000 morts et 70 000 cas, les États-Unis sont devenus le centre de la pandémie, a prévenu mardi 24 mars l’organisation mondiale de la santé. Donald Trump espère, quant à lui, une résolution rapide du problème et adorerait « une reprise pour Pâques ». Le président, d’abord réticent à arrêter l’économie américaine, comme l’a fait la Chine ou l’Europe, s’est résolu à faire des recommandations très strictes à sa population. Celles-ci restent inégalement appliquées d’un État à l’autre du pays. Pour palier aux pertes économique, le pays va lancer un plan de relance massif à hauteur de deux mille milliards de dollars. Cependant, le Pentagone craint que la crise ne prennent fin aux États-Unis qu’en juin ou mi-juillet, bien loin des estimations du président américain.

 

TELEX

La Nouvelle-Zélande dépénalise enfin l’avortement, une promesse de campagne de la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern. Benny Gantz, adversaire de Benyamin Netanyahou en Israël, a laissé la place de Premier ministre à son rival, dans un retournement de situation inattendu. Toute la Gaule, sans exception, est en deuil après le décès d’Albert Uderzo, terrassé par une crise cardiaque. Vingt-cinq personnes ont été tuées dans l’attentat d’un temple hindou-sikh à Kaboul revendiqué par l’État islamique. Le chaos politique s’installe au Kosovo, où le gouvernement en place depuis moins de deux mois a été renversé par un vote de défiance. L’avocat et activiste des droits humains congolais Jean-Joseph Mukendi wa Mulumba est décédé du coronavirus.

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