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Pour la première fois sous la Ve République, la gauche est devenue majoritaire au Sénat après les élections sénatoriales du dimanche 25 septembre. Elle tient désormais 178 sièges, soit 25 de plus qu’auparavant, tandis que la droite en possède 170 (voir les résultats sur le site du ministère de l’Intérieur). Pas sûr, toutefois, qu’elle conquerra aussi la présidence de la Chambre haute lors du vote du 1er octobre : le président UMP sortant, Gérard Larcher, a annoncé son intention de se représenter, espérant attirer le vote de sénateurs radicaux. Le candidat de la gauche sera Jean-Pierre Bel, sénateur de l’Ariège.

Ce basculement de la Sénat va probablement gêner le gouvernement dans les mois à venir -l’Assemblée nationale conservant toutefois le dernier mot sur le travail législatif. Mais cette victoire de la gauche a surtout une portée symbolique, constituant la quatrième défaite (municipales 2008, régionales 2010, cantonales et donc sénatoriales 2011) pour la droite depuis l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy (elle n’a remporté que les européennes en 2009). Elle confirme la perte de soutiens de l’UMP dans les territoires ruraux. La majorité présidentielle, qui a payé au prix fort ses divisions internes, s’est néanmoins évertuée à relativiser ce résultat.

Les élections sénatoriales ont entraîné un mini-remaniement du gouvernement. Chantal Jouanno, tout juste élue sénatrice de Paris, a démissionné de son poste de ministre des Sports lundi. Elle a aussitôt été remplacée par David Douillet, dont le secrétariat d’Etat aux Français de l’étranger a été récupéré par Edouard Courtial, un député proche de Brice Hortefeux. En revanche, Gérard Longuet, ministre de la Défense et réélu sénateur de la Meuse dimanche, a affirmé qu’il restera au gouvernement.

La perte historique du Sénat est sûrement passée au second plan des préoccupations de Nicolas Sarkozy cette semaine. Plus inquiétant pour le chef de l’Etat, ce sont ses proches qui sont mis en cause, les uns après les autres, dans diverses affaires. Dans celle de l’espionnage de journalistes du Monde qui enquêtaient sur l’affaire Bettencourt, Philippe Courroye, le procureur de Nanterre connu pour être proche de Nicolas Sarkozy, et son adjointe ont été convoqués par la juge d’instruction Sylvia Zimmermann afin d’être mis en examen pour « collecte de données personnelles par moyen frauduleux, déloyal et illicite ». Il aurait demandé la réquisition des factures téléphoniques détaillées (« fadettes ») des journalistes afin de connaître leur source.

Philippe Courroye a dénoncé une « mise en cause calomnieuse » et conteste la validité de la procédure à son encontre. Si toutefois il était bien mis en examen, il serait le premier magistrat à être poursuivi pénalement pour un acte pris dans le cadre de ses fonctions. Son adjointe, elle, a porté plainte contre Le Monde, l’accusant de « dénonciation calomnieuse ». Philippe Courroye pourrait en faire autant.

L’affaire Bettencourt pourrait faire tomber d’autres têtes connues de la « Sarkozie » : Frédéric Péchenard, directeur général de la police nationale, et Bernard Squarcini, directeur de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), vont être entendus par la même juge d’instruction, pour l’instant comme témoins. Ils sont toutefois soupçonnés d’avoir effectivement espionné le téléphone des journalistes du Monde.

Une autre nébuleuse affaire, celle de Karachi, déjà pas simple (voir l’infographie du Monde.fr), s’est un peu plus compliquée cette semaine avec des rebondissements familiaux. Hélène de Yougoslavie, ex-femme de Thierry Gaubert (ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, mis en examen le 21 septembre pour « recel d’abus de biens sociaux »), a confirmé au Monde et à Europe 1 que son ancien époux ramenait régulièrement de l’argent de Suisse afin d’alimenter la campagne présidentielle d’Edouard Balladur, en 1995. Mais lundi, sa fille, Milena Gaubert, affirme que sa mère a « témoigné pour se venger » en raison d’un divorce difficile. Le témoignage d’Hélène de Yougoslavie ne semble toutefois pas remis en question par la justice, de nombreux documents corroborant ses dires.

La semaine dernière, Le Monde révélait que Brice Hortefeux avait appelé Thierry Gaubert afin de le prévenir que son ex-femme était en train de « beaucoup balancer ». A la suite de cette révélation, les familles des victimes de l’attentat de Karachi ont porté plainte contre l’ancien ministre de l’Intérieur et actuel conseiller de Nicolas Sarkozy, qu’elles accusent de « subornation de témoin » et « entrave à la manifestation de la vérité ». Brice Hortefeux a été entendu vendredi par la police judiciaire de Nanterre, affirmant à sa sortie avoir pu « démontrer » qu’il n’avait pas eu accès à la procédure.

Déjà mis en examen, le 14 septembre, pour « abus de biens sociaux » et « recel » dans le volet financier de cette même affaire de Karachi, le Franco-libanais Ziad Takieddine est sorti de son silence en accordant un entretien à BFM TV. Il a nié toute implication dans cette affaire et a demandé la levée du secret défense sur les différents contrats d’armement concernés ainsi qu’une rencontre avec Nicolas Sarkozy. Mais il n’a toutefois pas précisé qu’il a également été mis en examen pour « faux témoignage » le 19 septembre, comme l’a révélé France Info vendredi.

Pendant que la droite se débat dans les affaires, le Parti socialiste débat avant la primaire qui désignera son candidat à l’élection présidentielle. Les six prétendants se sont affrontés, mercredi 28 septembre sur i-Télé (voir les moments forts du débat sur le site d’i-Télé). Ce second débat, plus animé, a été l’occasion d’afficher leurs différences, comme sur l’emploi ou la « TVA sociale » avancée par Manuel Valls. La gauche a salué la réussite de l’exercice et la qualité des échanges, tandis que la droite a raillé « une course aux promesses démagogiques ».

La France pourrait avoir une femme candidate ; dans d’autres pays, les droits des femmes n’en sont qu’à leur balbutiement. En Arabie Saoudite, le roi Abdallah a accordé dimanche 25 septembre le droit de vote aux femmes ainsi que leur éligibilité aux élections municipales -le seul scrutin existant dans le pays. Les militantes féministes ont salué cette décision « historique », qui prendra effet en 2015. D’ici là, les Saoudiennes espèrent obtenir le droit de conduire, de travailler ou d’avoir des interventions chirurgicales sans l’autorisation d’un homme…

En Syrie, la répression de la contestation contre le régime de Bachar al-Assad se poursuit. Au moins 11 civils ont été tués dans des affrontements avec les forces de sécurité. A Rastane, dans le sud du pays, quelque 250 chars ont pénétré dans la ville, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), laissant craindre un nouveau massacre.

En Bulgarie, ce n’est pas contre le régime mais contre les Roms qu’une partie de la population est en colère. Le pays est secoué par de violentes émeutes anti-Roms depuis la fin de la semaine dernière. Elles sont parties de Katounitsa, un village dans le sud du pays, où une partie des habitants a exprimé sa colère contre un patriarche rom, surnommé « le Roi Kiro », qu’ils estiment responsable de la mort d’un jeune homme. Les violences se sont ensuite étendues dans plusieurs villes, avec quelques milliers de manifestants scandant des slogans nazis.

Le typhon Nesat a violemment frappé les Philippines, en début de semaine. Au moins 35 personnes ont été tuées et 45 autres disparues dans les inondations et glissements de terrain. Le typhon s’est ensuite déplacé vers Hong-Kong, qui était totalement paralysé jeudi.

 


 

EN BREF

 

 

En France…

 


 

Dans le monde…

  • L’imam radical américano-yéménite Anwar al-Aulaqi a été tué dans un raid aérien, vendredi 30 septembre dans le sud du Yémen. Considéré par les Etats-Unis comme « aussi dangereux qu’Oussama ben Laden », il était un haut dirigeant d’Al-Qaida et était soupçonné d’avoir fomenté plusieurs attaques, comme la fusillade sur la base de l’armée amérricaine de Fort Hood, au Texas en novembre 2009.

 


 

Dans les sports…

  • Les All Blacks n’ont laissé aucune chance aux Bleus, samedi 24 septembre, lors du dernier match de poule de la Coupe du monde de rugby. Chez eux, les Néo-Zélandais ont largement battu les Français (37-17), prenant ainsi leur revanche après leur élimination en quarts de finale en 2007. Cette défaite a toutefois permis aux Bleus de se retrouver dans une moitié de tableau plus facile pour la suite du Mondial. Mais la nouvelle défaite de samedi matin, contre Tonga (14-19), n’est pas du meilleur augure pour les quarts de finale…

  • Un seul petit point : c’est ce qui manque à Sebastian Vettel pour conserver sa couronne de champion du monde de Formule 1 après le Grand prix de Singapour, dimanche 25 septembre, à cinq manches de la fin du championnat. Le pilote allemand a (encore) remporté la course devant le Britannique Jenson Button et son coéquipier australien Mark Webber.

 

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