BENOIT HAMON

« 3,2 millions de Français sont exposés à un risque élevé de burn-out »

En s’appuyant sur son programme, Benoît Hamon a souligné l’ampleur de l’épuisement professionnel en France. Le candidat a expliqué que 3,2 millions de personnes sont exposées à ce syndrome. Un chiffre vrai d’après les études menées à ce sujet, même si la définition médicale du burn-out pose encore question.

 

LE CONTEXTE

Invité sur le plateau d’On n’est pas couchés le samedi 4 mars, Benoît Hamon a affirmé vouloir « conditionner les baisses de cotisations sociales patronales à une réorganisation et une baisse du temps de travail ». Une mesure qui viserait notamment à réduire l’épuisement professionnel, qui figure dans le programme du candidat. « Qui ne voit pas aujourd’hui que dans les entreprises de service notamment, les pathologies psychiques liées au travail sont en train d’exploser ? 3,2 millions de Français sont exposés à un risque élevé de burn-out », a souligné le candidat socialiste.

 

L’EXPLICATION

Apparu dans les années 1970, le terme de burn-out est défini par les chercheurs comme « un état d’épuisement physique, émotionnel et mental résultant d’une exposition à des situations de travail émotionnellement exigeantes ». Pour Florence Benichoux, médecin spécialiste en qualité de vie au travail,  « le burn-out concerne des personnes qui sont très investies dans leur métier. Ce sont des personnalités brillantes mais aussi perfectionnistes.»

Pour approfondir les recherches autour de l’épuisement professionnel, le bureau de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale a créé une mission d’information en 2016. L’objectif était de « mieux cerner les définitions de l’épuisement professionnel et de procéder à un état de la situation actuelle». En février 2017, la commission a publié son rapport à ce sujet, dans lequel est cité le chiffre utilisé par Benoît Hamon. En effet, selon une étude du cabinet Technologia publiée en 2014, 3,2 millions de Français présentent un « risque élevé de développer un burn-out ».

Les réponses, recueillies par sondage auprès d’un échantillon de 1 000 salariés représentatifs, montrent que 12,6 % des répondants déclarent travailler de manière excessive et compulsive. Rapporté à la population active occupée, cela représente bien 3,2 millions de personnes. Le rapport de commission des affaires sociales nuance néanmoins les chiffres de l’étude :  « Il est très difficile de mesurer précisément l’incidence du burn-out faute d’une définition précise de ce qui en relève et de ce qui n’en relève pas.»

Une définition encore imprécise du burn-out

Malgré une prise de conscience progressive de ce phénomène, le burn-out n’est pas reconnu comme une maladie professionnelle en France, ni dans les classifications de références à l’échelle mondiale. Une situation que Benoît Hamon envisage de faire évoluer s’il est élu président. « Si le burn-out n’est pas considéré comme une maladie aujourd’hui c’est parce qu’il n’y a pas de définition scientifique assez claire, explique  Florence Benichoux. On peut dire que c’est un syndrome qui contient plusieurs symptômes, mais il faut davantage de recherches à ce sujet pour avoir un cadre médical précis. »

Parmi les différentes catégories professionnelles recensées par l’étude Technologia, les risques les plus élevés de burn-out concernent les agriculteurs exploitants (soit 23,5 % de l’effectif). Ils sont suivis par les artisans, commerçants et chefs d’entreprise (19,7 %) et, enfin, les cadres et professions intellectuelles (19 %).

« Le burn-out se manifeste dans les secteurs qui demandent une hyper-performance et qui ont une politique de chiffre et de rentabilité, argumente Florence Benichoux, médecin spécialiste en qualité de vie au travail. Aujourd’hui les activités professionnelles se sont individualisées avec un esprit de compétition au sein des entreprises. »

Benoît Hamon a donc raison d’affirmer que 3,2 millions de Français sont exposés au burn-out. Même si les études se multiplient à ce sujet, le terme “burn-out’’ est encore un concept flou sur le plan médical et nécessite une définition plus précise afin d’être reconnu comme une maladie professionnelle.

Ralitsa Dimitrova