Benoît Hamon

« 60 % de la mortalité est due aux maladies chroniques »

Plus de la moitié des décès dans le monde causés par des maladies chroniques ? C’est ce qu’a affirmé Benoît Hamon sur France 2 le samedi 4 mars, alors qu’il critiquait la trop grande présence des perturbateurs endocriniens dans les vies des Français. Le candidat à la présidentielle a asséné que « 60 % de la mortalité dans le monde, ce sont des maladies chroniques et plus des maladies infectieuses ». Il a raison, d’après les données de l’Organisation mondiale de la santé.

LE CONTEXTE

C’est devenu un des combats de Benoît Hamon. La lutte contre les perturbateurs endocriniens est une des mesures phares de son programme, et le candidat à la présidentielle aime le rappeler dès qu’il en a l’occasion. Invité sur le plateau d’On n’est pas couché sur France 2 le samedi 4 mars, le candidat socialiste a une nouvelle fois assuré que la transition énergétique était indispensable, notamment pour lutter contre les perturbateurs endocriniens. « Ils sont responsables de nombreuses pubertés précoces chez nos enfants et de nombreuses maladies chroniques. 60 % de la mortalité dans le monde, ce sont des maladies chroniques et plus des maladies infectieuses », a déclaré Benoît Hamon. Il a ensuite ajouté : « Les maladies chroniques sont liées à nos modes de vie. Nous sommes trop sédentaires, nous mangeons trop gras, trop sucré, trop salé et nous absorbons trop de ces substances toxiques. »

L’EXPLICATION

Benoît Hamon assure que 60 % de la mortalité est due à des maladies chroniques, mais que recouvrent ces maladies ? L’Organisation mondiale de la santé (OMS) les définit comme des « affections de longue durée qui, en règle générale, évoluent lentement ». L’institution les qualifie aussi de « maladies non transmissibles ». Entrent dans cette catégorie les cancers, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète ou encore les affections respiratoires chroniques et cardio-vasculaires.

Le candidat à la présidentielle affirme que 60 % de la mortalité est due à des maladies chroniques. Et d’après l’OMS, il a raison. « Les maladies non transmissibles, ou MNT, sont de loin la principale cause de décès dans le monde, représentant plus de 63 % de la totalité des décès » en 2013, indique l’organisation. Soit plus de 36 millions de décès chaque année.

L’OMC indique également que les maladies chroniques sont responsables d’un nombre croissant de décès dans le monde. Elles sont les premières causes de mortalité partout, sauf en Afrique. La première cause de mortalité y reste les maladies infectieuses. Mais selon les projections, le continent africain devrait connaître la plus forte augmentation du nombre des décès dus aux MNT d’ici 2020. Et d’ici 2030, elles deviendront la cause la plus courante de mortalité.

Perturbateurs endocriniens : un rôle qui reste à définir

Mais à quoi sont dues ces maladies ? Les perturbateurs endocriniens sont-ils à leur origine, comme l’affirme Benoît Hamon ? Parmi les facteurs de risques exposant aux maladies non transmissibles, l’OMS cite « la mauvaise alimentation, de la sédentarité, de l’exposition à la fumée du tabac ou des effets de l’usage nocif de l’alcool ». Elle note par ailleurs que si « on les associe souvent aux groupes plus âgés », les maladies non transmissibles touchent toutes les tranches d’âge et causent des décès prématurés, c’est-à-dire avant l’âge de 60 ans. L’OMS ne cite pas directement les perturbateurs endocriniens comme cause de maladies chroniques car leur rôle précis reste encore à définir.

Dans un autre rapport, l’OMC et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) expliquent que « de nombreuses substances chimiques synthétiques dont les effets perturbateurs sur le système endocrinien n’ont pas été testés pourraient avoir des conséquences non négligeables sur la santé ». Leurs études montrent une augmentation de maladies et de troubles qui pourrait s’expliquer par « l’exposition à des substances chimiques » , mais dont les causes restent à définir. Achim Steiner, Secrétaire général adjoint de l’Organisation des nations unies et Directeur exécutif du PNUE, explique ainsi que « les produits chimiques occupent une place de plus en plus importante dans la vie moderne et sont essentiels à beaucoup d’économies nationales ». Mais il déplore une « gestion irrationnelle » qui remet en cause des objectifs de développement durable et de santé.

Benoît Hamon a donc raison en assurant que 60 % de la population mondiale décède à cause de maladies chroniques. Et si le rôle des perturbateurs endocriniens reste encore à définir, leurs effets sont peu à peu démontrés par différentes organisations scientifiques.

Camille Charpentier

Les sources à consulter