BENOÎT HAMON

« En France, 41 % des hommes et 25 % des femmes souffrent de surpoids »

Benoît Hamon a dévoilé une dizaine de propositions en faveur d’une alimentation saine, seule apte, selon lui, à enrayer les problèmes d’excès de poids au sein de la population française. Si les chiffres que donne le candidat du Parti socialiste à la présidentielle sont justes, ils ne lui permettent pas de livrer un constat précis de la situation. En effet, dans sa démonstration, Benoît Hamon oublie de prendre en compte, au-delà des chiffres du surpoids, ceux qui concernent l’obésité.

 

LE CONTEXTE

Benoît Hamon, candidat du Parti socialiste à la présidentielle 2017, donnait, lundi 13 février, une conférence de presse sur le thème de l’alimentation. Il a fait part de dix propositions pour une alimentation de qualité, au niveau de la production et de la consommation. Pour lui, les Français sont de plus en plus nombreux à « manger mal ». « Aujourd’hui, 41 % des hommes et 25 % des femmes souffrent de surpoids en France, dit-il. Entre 1997 et 2012, la prévalence de l’obésité, c’est-à-dire le nombre de cas, a augmenté de 76 %. Ce chiffre est inquiétant et devrait nous alerter ».

L’EXPLICATION

La corpulence d’une personne est estimée et classée grâce à l’IMC (Indice de masse corporelle), qui se calcule en divisant son poids (en kilogramme) par sa taille au carré (en mètre).
Lorsque l’IMC est :

  • inférieur à 18,5, la personne est en situation de maigreur
  • entre 18,5 et 25, la personne a une corpulence normale
  • entre 25 et 30, on parle de surpoids
  • supérieur à 30, on parle d’obésité

Publié en 2016, le bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’InVS, l’Institut national de veille sanitaire, dévoile que 41 % d’hommes et 25,3 % des femmes ont un IMC situé entre 25 et 30 et sont en situation de surpoids. Ces chiffres confirment la déclaration de Benoît Hamon. Toutefois, le candidat socialiste oublie d’y ajouter les personnes obèses, qui sont aussi, par définition, des personnes en surpoids.

Toujours selon l’étude de l’InVS, 15,8 % des hommes sont obèses, ce qui porte le pourcentage total d’hommes en surpoids à 56,8 % ; quant aux femmes, elles sont plus de 15 % à être en situation d’obésité, mais restent globalement moins touchées par le surpoids, à 40,9 %. Si bien que le surpoids concerne finalement près de la moitié des Français adultes (47 %), ce que ne traduisent pas les données partielles utilisées par Benoît Hamon.

Obésité : une tendance à la hausse

En France, l’obésité concerne donc 15 % de la population adulte, un chiffre à peine plus élevé que le taux mondial (13 %), rapporte une étude publiée dans la revue médicale britannique The Lancet. Ce taux d’obésité dans l’Hexagone a subi une forte augmentation sur les vingt dernières années. L’enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l’obésité, réalisée en 2012 par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et le laboratoire Roche, révèle qu’entre 1997 et 2012, le nombre de cas d’obésité a augmenté de 76,5 %, passant de 3,5 à 6,9 millions de personnes. Cette étude, manifestement utilisée, elle aussi, et à bon escient, par Benoît Hamon, révèle également que sur la même période, l’IMC moyen en France est passé de 24,3 (poids standard) à 25,4 (surpoids).

Un rapport de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) précise par ailleurs que si les taux d’obésité et de surpoids en France « augmentent de façon régulière », ils restent « parmi les plus bas de l’OCDE ». En effet, la France est bien loin derrière le Mexique et les Etats-Unis (où plus des deux tiers des adultes sont en surpoids), mais aussi l’Australie, l’Angleterre, l’Espagne et le Canada.

Benoît Hamon veut alerter sur le problème du surpoids en France. Pour cela, il utilise les bonnes tendances mais se montre imprécis sur le nombre de personnes concernées, puisqu’il ne comptabilise pas, dans les chiffres du surpoids, ceux de l’obésité.

Mathilde Delacroix

Les sources à consulter