BENOÎT HAMON

« Le taux de chômage chez les personnes handicapées est de 36 % »

Benoît Hamon a fait part, vendredi 24 mars, de ses propositions pour les personnes handicapées et leur famille. Il a notamment insisté sur l’accès à l’emploi, affirmant que le taux de chômage chez les personnes handicapées était de 36 %. Une déclaration fausse, puisque ce taux s’élève à 18 % selon un rapport de l’Agefiph.


LE CONTEXTE

Benoît Hamon était en déplacement vendredi 24 mars, à Auneau (Eure-et-Loire) où il a visité l’usine Novandie, une filiale du groupe Andros, qui embauche en CDI des adultes autistes. Lors d’une conférence de presse, le candidat socialiste à la présidentielle a présenté l’ensemble de ses propositions concernant les personnes handicapées et leur famille. Pour lui, « la République a un devoir d’inclusion de chaque citoyen ». Il a par ailleurs insisté sur l’accès à l’emploi des handicapés. « Le taux de chômage des travailleurs handicapés est de 36 %, ce qui correspond à peu près au double de celui de la population active », a-t-il affirmé. Ajoutant également que ce taux est « toujours plus important » d’années en années.

L’EXPLICATION

En France, 2,6 millions de personnes de 15 à 64 ans ont une reconnaissance administrative de leur handicap et sont ainsi bénéficiaires de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (OETH). Ce dispositif, qui date de 1987, oblige « tout employeur occupant au moins 20 salariés d’employer des travailleurs handicapés dans une proportion de 6 % de l’effectif total de l’entreprise », précise le ministère du Travail.

La majorité des chiffres du chômage chez les handicapés sont calculés par rapport aux travailleurs qui bénéficient de cette OETH. Ainsi, selon un rapport de l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées) de 2016, le taux de chômage des personnes ayant une reconnaissance administrative de leur handicap s’élève à 18 %, avec 486 966 demandeurs d’emplois inscrits à Pôle emploi dans les catégories A, B et C (tenus de rechercher un emploi).

En 2015, la DARES et le ministère du Travail ont publié un dossier qui prend en compte les personnes qui ont une reconnaissance administrative de leur handicap, mais aussi celles qui n’en ont pas mais qui déclarent « une maladie ou un problème de santé chronique ou de caractère durable » et « être limité(e), depuis au moins 6 mois, à cause d’un problème de santé ». Dans cette catégorie, qui concerne plus de 5,5 millions de personnes, le taux de chômage atteint 14 %.

Benoît Hamon s’est donc visiblement trompé sur le chiffre, en évoquant un taux de chômage de 36 %. Il a cependant raison de dire que le taux de chômage des travailleurs handicapés (18 %) est presque deux fois plus élevé que celui de la population active française (à 10% fin 2016).

Par ailleurs, le nombre de demandeurs d’emplois handicapés n’a cessé d’augmenter ces dernières années, comme le souligne, à juste titre, Benoît Hamon. Un rapport de l’Agefiph, datant de 2012, fait état de 259 516 chômeurs handicapés en 2010, contre 486 966 en 2016, soit une augmentation de plus de 87 %.

Cette forte hausse du nombre de demandeurs d’emplois handicapés est en partie liée à une augmentation du nombre de personnes bénéficiant d’une reconnaissance de leur handicap. En 2007, selon l’Insee, 1,8 million de personnes étaient concernées par cette reconnaissance contre 2,6 millions aujourd’hui.

S’il a raison de dire que le nombre de chômeurs handicapés ne cesse d’augmenter, le candidat socialiste se trompe lorsqu’il évalue le taux de chômage des personnes handicapées à 36 %.

Mathilde Delacroix