EMMANUEL MACRON

« Les arrestations pour détention de stupéfiants représentaient 175 000 personnes l’année dernière, 100 000 sont arrivées devant le juge »

 

Emmanuel Macron souhaite mettre en place un système permettant aux policiers de donner directement une amende à une personne en possession de stupéfiants. Pour le justifier, il a expliqué qu’en 2016, 175 000 personnes ont été arrêtées en possession de stupéfiants et que 100 000 ont été jugées. Il sous-estime et mélange les chiffres, dont les plus récents datent de 2015.

LE CONTEXTE

Emmanuel Macron était l’invité de Punchline, sur C8, le dimanche 26 mars 2017. Interrogé par Laurence Ferrari, il a expliqué sa proposition concernant les amendes, qu’il souhaite voir appliquer de manière instantanée quand, par exemple, des policiers découvrent qu’une personne est en possession de stupéfiants. Le candidat d’En Marche ! en a profité pour donner quelques chiffres. Selon lui, les arrestations pour « détention de stupéfiants représentaient 175 000 personnes l’année dernière. 100 000 sont arrivées devant le juge et quelques milliers ont eu une amende ».

 

 

L’EXPLICATION

D’après l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), lorsque Emmanuel Macron parle d’arrestations, il évoque les interpellations pour infraction à la législation sur les stupéfiants (ILS). Les chiffres les plus récents datent de 2015, année où il y a eu 199 667 ILS. Emmanuel Macron sous-estime donc le nombre de personnes arrêtées pour détentions de stupéfiants.

D’après le bulletin d’information du ministère de la Justice, 227 345 personnes ont fait l’objet d’une décision de justice en 2015 pour des faits liés aux stupéfiants (comprenant également les infractions routières en lien avec les produits stupéfiants).  Lorsque Emmanuel Macron évoque les arrestations pour « détention de stupéfiants », il prend uniquement en compte le trafic de stupéfiants. En effet, ce document souligne que « sont associés au ‘trafic’ les auteurs suspectés d’au moins une infraction de détention, acquisition, transport ou cession de stupéfiants ». Pour 2015, cela représente 78 633 personnes. Mais ces dernières ont fait l’objet d’une décision de justice et, par conséquent, sont passées devant le juge, bien qu’elles n’aient pas été condamnées.

Parmi ces 78 633 personnes, 41 149 ont été poursuivies devant le tribunal correctionnel ou devant une juridiction pour mineur pour usage ou trafic de stupéfiants. La peine prononcée pour environ 2 652 de ces personnes est une amende, dont le montant moyen est de 350 euros.

Ce ne sont donc pas 175 000 personnes qui ont été arrêtées pour détention de stupéfiants en 2015, mais presque 200 000. Plus de 78 600 personnes ont fait l’objet d’une décision de justice pour trafic de stupéfiants et sont donc passées devant le juge, et non 100 000 comme l’affirme Emmanuel Macron. Plus de 41 000 ont été condamnées. Environ 2 600 d’entre elles ont eu comme sanction une amende à payer. D’après les chiffres du ministère de la Justice, Emmanuel Macron sous-estime certains chiffres et en sur-estime d’autres. A moins qu’il ait effectivement eu accès à des chiffres plus récents mais dont Factoscope n’a pas connaissance, Emmanuel Macron se trompe sur les chiffres qu’il avance.

Jeanne Laudren