François Asselineau

« Lorsque l’on sera sortis de l’euro, le franc se dépréciera de 6 à 10 % »

Invité sur France Inter, François Asselineau a assuré qu’en cas de sortie de l’euro, « le franc se dépréciera de 6 à 10 % ». La croissance et la compétitivité seraient ainsi retrouvées. Si le candidat de l’UPR se base effectivement sur un indicateur du FMI, les chiffres qu’il donne sont calculés en fonction de la situation actuelle, et non en cas de sortie de l’euro.

 

LE CONTEXTE

Défenseur de la sortie de l’Union européenne, François Asselineau liste régulièrement les effets bénéfiques attendus si la France se séparait de l’euro. Invité dans la matinale de France Inter lundi 10 avril, le candidat à la présidentielle a affirmé : « Lorsque l’on sera sortis de l’euro, le franc se dépréciera sans doute de 6 à 10 %, ce n’est pas moi qui le dit, c’est le FMI ». Le candidat de l’Union populaire républicaine (UPR) estime que « cela va permettre de redonner de la croissance à la France et surtout de rétablir la compétitivité externe de notre monnaie ».

L’EXPLICATION

La monnaie de la France se dépréciera-t-elle en cas de sortie de l’euro, comme l’affirme François Asselineau ? Le candidat de l’UPR se base sur un document du Fonds monétaire international (FMI) publié en 2016. Ce dernier étudie les performances économiques de l’année 2016 de vingt-neuf pays, dont la France. Il indique notamment les taux de change réels des pays (TCR). Ce taux sert « à mesurer la valeur des produits d’un certain pays par rapport à ceux d’un pays, d’un groupe de pays, ou du reste du monde, en fonction du taux de change nominal en vigueur », explique Luis Catão, économiste au FMI.

Toutefois, le taux de change effectif réel n’est qu’un indicateur et « les modes de consommation évoluent souvent plus rapidement que les paniers de produits conçus par les statisticiens, et il en va de même pour les politiques commerciales les tarifs douaniers et les coûts de transport. En conséquence, les écarts de TCER ne prouvent pas nécessairement qu’il existe un désalignement [des monnaies, ndlr] fondamental », détaille Luis Catão.

La France surévaluée, l’Allemagne sous-évaluée

Pour savoir si une monnaie est sous-évaluée ou surévaluée, les économistes utilisent le taux de change effectifs réels (TCER). Ce dernier est « la moyenne des taux de change réels bilatéraux entre le pays et chacun de ses partenaires commerciaux, pondérée par les parts de marché respectives de chaque partenaire ». Il évalue donc la compétitivité d’un pays par rapport à ses concurrents en prenant en compte ses spécificités économiques. Plus la monnaie d’un pays s’apprécie par rapport à une autre, plus il lui est difficile de vendre ses produits à d’autres car ils sont alors plus chers dans les pays à la monnaie plus faible.
En taux de change réel, l’euro en France est surévalué de 6 % en moyenne, selon le rapport du FMI. L’estimation basse est de 3 %, la plus haute de 9 %. L’Italie est surévaluée de 5 % et l’Espagne de 7,5 %, alors que l’Allemagne est, elle, sous-évaluée de 15 %. Cela signifie donc que les produits importés d’Allemagne sont plus compétitifs que les produits français.
En affirmant que si la France sortait de l’euro, « le franc se déprécierait de 6 à 10 % », François Asselineau se base donc sur des chiffres provenant du FMI. Mais cela reste une projection faite à l’aide d’un indicateur qui tient compte des paramètres économiques actuels de la France, et non en cas de sortie de l’Union européenne. Il n’existe pas, à ce jour, une telle étude.

Camille Charpentier

Les sources à consulter