François Fillon

« Le niveau de pauvreté ne cesse de croître en France »
Selon François Fillon, la pauvreté est en hausse constante en France. Une affirmation qui est imprécise. L’évolution des chiffres relatifs à la pauvreté montre qu’il y a plutôt une tendance à la stabilité. Et ce depuis 2011.

 

LE CONTEXTE

En meeting au Zénith d’Orléans mardi 7 mars, François Fillon a dressé le tableau d’une “France en déclin”. Il a notamment insisté sur les conditions de vie, qu’il estime dégradées. Le candidat souhaite engager “un plan pluriannuel contre la grande pauvreté. Parce qu’il est intolérable que dans un pays comme le nôtre, dans la cinquième puissance du monde, il y ait un tel niveau de pauvreté, qui ne cesse de croître”. Avant de préciser que cela se déroule “sous le regard impuissant des responsables politiques”.

L’EXPLICATION

L’affirmation du candidat Les Républicains est à nuancer. Le taux de pauvreté, qui indique la part des personnes pauvres dans la population, oscille autour de 14% depuis quelques années. Selon les chiffres de l’Insee, il a atteint son taux le plus bas en 2002, où il était passé sous la barre des 13%.

Malgré une hausse entre 2008 et 2011, le nombre de personnes pauvres et le taux de pauvreté se sont par la suite plutôt stabilisés.

L’Insee a changé de méthode de calcul du taux de pauvreté en 2010 et 2012, ce qui fausse un peu la comparaison des chiffres sur le long terme. L’Observatoire des inégalités dit avoir “recalculé les données pour qu’elles soient compatibles avec les années antérieures.” L’organisme précise sur son site que “seul ce calcul permet de mesurer les évolutions dans le temps avec précision.” Au final, les courbes sont sensiblement les mêmes.

Une personne est considérée comme pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. Dans l’Union européenne (UE), et en France depuis le début des années 2000, il correspond à 60 % du niveau de vie médian de la population. En 2014, le revenu médian était par exemple de 1679 euros par mois. Cette même année, selon l’Insee, 8,8 millions de Français étaient considérés comme pauvres puisqu’ils avaient moins de 60% de ce revenu médian pour vivre (soit 1008 euros par mois). Cela équivaut à 14,1% de la population. En 2015, selon les simulations de l’Insee, il devrait être de 14,3%. On appelle ce pourcentage le taux de pauvreté.

Si l’on prend un peu plus de recul, le taux de pauvreté était de 17,9% selon l’Insee et de 18,2% selon l’Observatoire des inégalités en 1970. Cela témoigne donc bien d’une réduction de la pauvreté sur le long terme.

En revanche, il est vrai qu’en valeur absolue, le nombre de personnes pauvres est légèrement reparti à la hausse en 2014. D’après les données de l’Insee, il y a eu près de 1 million de pauvres supplémentaires entre 2005 et 2014. Il faut cependant prendre en compte le fait que la population globale est aussi en hausse sur cette même période : elle a augmenté de 3,2 millions de personnes. C’est pourquoi le taux de pauvreté reste plus pertinent à analyser pour mieux saisir les évolutions.

Margaux Lacroux