FRANÇOIS FILLON

« L’échec des élèves lors de leur première année d’étude dans le supérieur est de 50 % »


Lorsqu’il a évoqué l’enseignement supérieur, en meeting, le 9 mars, le candidat de la droite et du centre a déploré que l’échec en première année d’études supérieures concernait 50 % des élèves. C’est imprécis, sauf à considérer que l’échec correspond indifféremment à un processus de réorientation, de redoublement ou d’abandon définitif.

 

LE CONTEXTE

François Fillon ne semble pas très optimiste quant à l’état général de l’éducation dans l’Hexagone. C’est du moins l’impression qu’il a donné, en meeting à Besançon, le 9 mars, déplorant un triste bilan des résultats de l’école française. Évoquant l’enseignement supérieur, l’ancien Premier ministre a qualifié de « gâchis » le fait que 50% des élèves soient en échec en première année d’études supérieures, « largement en raison d’un processus d’orientation non maîtrisé ».

 

 

L’EXPLICATION

Le bilan tiré par François Fillon en matière d’études supérieures nécessite quelques précisions. Notamment sur la définition de l’échec. Dans sa note d’information de 2013 concernant les études supérieures, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche précise que « si l’on considère l’échec comme le fait d’être sorti de l’enseignement supérieur sans diplôme, alors le taux d’échec est de l’ordre de 19 % ».

Le chiffre auquel fait référence François Fillon, qui est en réalité arrondi par l’étude à un étudiant sur deux, mais dont le pourcentage précis est 56,2 %, englobe donc le taux de redoublement (29 %) et le taux de sortie (27,2 %). Ce taux de sortie ne prend pas seulement en compte l’abandon définitif, mais aussi un arrêt temporaire des études ou une réorientation vers des filières non-universitaires.

François Fillon met également en cause « un processus d’orientation non maîtrisé ». Or, on constate qu’au niveau universitaire, la plupart des élèves qui ne passent pas en deuxième année préfèrent redoubler et ne se réorientent pas. Selon le rapport du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le changement de filière concerne moins d’un étudiant sur dix (8,3 %). Ce sont les étudiants en ingénierie qui se réorientent le plus (13,3 %), suivi des étudiants en médecine (12,9 %) puis des étudiants en administration économique et sociale (11,4 %).

François Fillon devrait donc mieux préciser ce qu’il entend en parlant d’«échec ». Car malgré les 19 % d’étudiants qui abandonnent leurs études sans être diplômés et les quelques filières, comme la médecine, où le taux de passage en deuxième année est faible, la France parvient à éviter le décrochage de la majeure partie de ses étudiants. Contacté par Factoscope, l’équipe de François Fillon n’a pas donné suite à nos messages et n’a donc pas été en mesure de préciser sa pensée.

Antonin Deslandes