JEAN-LUC MELENCHON

« Ce qui fait le déficit commercial de la France, c’est à 50 % le pétrole, le gaz et l’uranium »

 

Selon Jean-Luc Mélenchon, la moitié du déficit commercial français est dû au pétrole, au gaz et à l’uranium. Il sous-estime les chiffres : en 2015, plus de 90 % de déficit commercial était lié aux importations de ces trois sources énergétiques.

 

LE CONTEXTE

Jean-Luc Mélenchon a tenu un discours lors de la journée de l’Écologie de la France insoumise, samedi 25 février, à Paris. Il a abordé les thèmes des limites des ressources de la planète, de la transition énergétique et autres enjeux auxquels l’Homme devra faire face dans les années à venir, avant de parler de la situation économique de la France. D’après lui, « ce qui fait le déficit commercial de la France, c’est à 50 % le pétrole, le gaz et l’uranium ».

 

 

 

L’EXPLICATION

Lorsque l’on dit d’un pays qu’il est en déficit commercial, c’est qu’il importe plus qu’il n’exporte. Le pays dépend alors plus des biens et services achetés à l’étranger que de ceux qu’il vend. En France, la balance commerciale est déficitaire : ce déficit représentait 48,1 milliards d’euros en 2016 d’après le résultats 2016 du commerce extérieur, publiés par le ministère de l’Économie et des Finances.

Le déficit commercial français est en grande partie lié aux importations énergétiques, et notamment au pétrole. D’après le bilan énergétique de la France pour 2015, « le solde en valeur du commerce extérieur de produits pétroliers s’est réduit de 30 % en 2015, à 31,6 milliards d’euros ». La facture gazière pour 2015, elle, s’élève à 9 milliards d’euros. De son côté, la facture de l’uranium s’élevait à moins d’un milliard d’euros en 2015. Au total, si l’on additionne pétrole, gaz et uranium, cela représente plus de 41 milliards d’euros, soit plus de 91 % du déficit commercial de 2015 (45 milliards d’euros). Jean-Luc Mélenchon sous-estime donc l’ampleur du déficit lié aux importations d’énergies.

En 2016, les énergies étaient responsables de 2/3 du déficit

Toutefois, on peut considérer que le candidat de la France insoumise souhaitait, dans son discours, faire référence à ce que l’on appelle la facture énergétique. Autrement dit, la différence entre les importations et les exportations d’énergie. L’énergie, ou les produits énergétiques, correspondent aux hydrocarbures naturels, aux autres produits des industries extractives (comme le charbon), à l’électricité et aux produits pétroliers raffinés. Les importations d’uranium ne sont pas prises en compte dans cette facture énergétique puisqu’il est considéré comme un minerai et non comme un combustible.

La facture énergétique a en effet une grande influence sur le déficit commercial. Les résultats 2016 du commerce extérieur montrent que la facture énergétique a diminué de 21 % entre 2015 et 2016, passant de 39,8 à 31,5 milliards d’euros, soit 87,7 % de ce déficit. Cela s’explique par une baisse marquée du prix du pétrole et par un recul des quantités de pétrole importées.

Dans les deux cas, donc, Jean-Luc Mélenchon sous-estime l’importance que prennent les importations d’énergies dans le déficit commercial de la France. En 2015, le gaz, le pétrole et l’uranium représentaient environ 91 % du déficit commercial, et non 50 % comme l’affirme Jean-Luc Mélenchon. Cette même année, la facture énergétique correspond à 87,7 % du déficit commercial.

Jeanne Laudren

Les sources à consulter