JEAN-LUC MELENCHON

« Dans la loi El Khomri, ils ont décidé de supprimer la médecine du travail »

Jean-Luc Mélenchon s’est attaqué au volet santé de la loi El-Khomri en affirmant que la médecine du travail avait été supprimée. En réalité, selon les textes de loi entrés en vigueur début 2017, celle-ci a connu plusieurs réformes de modernisation.

 

LE CONTEXTE

Présent  à Châteauroux, le dimanche 2 avril, Jean-Luc Mélenchon a entièrement dédié son meeting à la question de la santé. Une thématique qui, selon le candidat, est très liée aux conditions environnementales et sociales. Congés pour décès d’un proche, délais de prévenance pour changer son horaire de travail… le candidat de la France insoumise a pointé du doigt les mesures réajustées par la loi El Khomri, dont la médecine du travail.  « Parmi toutes les choses qu’ils ont trouvées, c’est la suppression de la médecine du travail. On vous dit que maintenant il y a un infirmier. Un infirmier ce n’est pas un médecin, pourquoi pas un électricien pendant que vous y êtes ? Ce sont des métiers, des savoirs-faire. » 

L’EXPLICATION

La Loi El Khomri contient effectivement un volet lié à la réforme de la médecine du travail mais cela n’implique pas sa suppression comme l’affirme Jean-Luc Mélenchon. Le décret du 26 décembre 2016 fixe les nouvelles règles relatives à sa modernisation. L’un des principaux changements concerne la visite médicale d’embauche. Depuis le premier janvier 2017, celle-ci est remplacée par une visite d’information et de prévention (VIP), pouvant être réalisée par un médecin, un infirmier ou bien un interne de médecine. Contrairement à la visite médicale d’embauche, la VIP donne lieu à une simple attestation et non plus un certificat d’aptitude. La visite est renouvelée tous les cinq ans au lieu de tous les deux ans. Les travailleurs mineurs, de nuit ou handicapés par exemple doivent être vus tous les trois ans.

La visite de prévention consiste à interroger le salarié sur son état de santé, l’informer sur les risques éventuels auxquels l’expose son poste de travail, et le sensibiliser sur les moyens de prévention à mettre en oeuvre.  Si le salarié le souhaite, il peut bénéficier à tout moment d’un rendez-vous avec un médecin. La médecine du travail n’a ainsi pas été supprimée comme l’affirme le candidat de La France Insoumise, elle a été réorganisée. Pour Gilles Levéry, médecin du travail à Tours, « cette réforme recentre le suivi vers ceux qui en ont vraiment besoin. On s’éloigne du dépistage et du diagnostic médical pour être plutôt dans la prévention. Les visites deviennent moins périodiques mais davantage à la demande ».

Les salariés qui occupent des postes à risques bénéficient toujours d’un examen médical d’aptitude avant l’embauche, puis tous les quatre ans. Cet examen concerne notamment les salariés exposés à l’amiante, à un certain niveau de plomb, à des agents cancérogènes, mutagènes ou toxiques. La visite consiste à s’assurer que le travailleur est apte au poste de travail auquel l’employeur envisage de l’affecter. Par exemple, en vérifiant la compatibilité du poste du travailleur avec son état de santé.

 

La pénurie des professionnels de santé qui touche globalement la France concerne aussi les médecins du travail. En 2016, ils étaient 5164  contre 5605 en 2015, soit une baisse de 7,8% en un an. En parallèle, on observe un vieillissement au sein de la profession. En effet, en 2016, près de 40% des médecins du travail avaient plus de 60 ans. La modernisation du secteur prévue par la loi El-Khomri cherche donc à anticiper un manque d’effectifs en sollicitant les infirmiers ainsi que les internes en médecine pour les visites d’information et de prévention. Pour Gilles Levéry, médecin du travail « d’ici cinq à dix ans nous risquons d’avoir de fortes difficultés en termes d’effectifs et une nouvelle réforme sera nécessaire ».

Jean-Luc Mélenchon dit faux lorsqu’il affirme que la loi El-Khomri supprime la médecine du travail. En revanche, les différentes réorganisations posent des questions en termes de qualité du suivi auprès des salariés.

Ralitsa Dimitrova