JEAN-LUC MELENCHON

« Le service à la personne est le secteur dans lequel il y a le plus d’accidents du travail »

Le 8 mars était l’occasion pour Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France insoumise, d’évoquer la condition féminine. Pour lui, les femmes sont particulièrement exposées aux accidents du travail. Il a d’ailleurs affirmé que le secteur du service à la personne était plus accidentogène que celui du bâtiment et travaux publics. Il a raison.

LE CONTEXTE

A l’occasion de la journée internationale du droit des femmes, mercredi 8 mars, Jean-Luc Mélenchon était invité par les journalistes du magazine féminin Causette. Le candidat de La France insoumise a longuement évoqué la condition des femmes dans notre société et a notamment insisté sur leur place dans le monde du travail. Selon lui, augmenter le temps de travail pénaliserait les femmes. « Plus le temps de travail est long, plus on va éliminer les femmes du secteur de l’emploi. Ce sont elles qui vont tomber le plus vite malade et qui seront le plus détruites. Pourquoi ? Parce que le secteur dans lequel il y a le plus d’accidents du travail, ce n’est pas le BTP comme on le croit, c’est le service à la personne (domaine dans lequel travaillent majoritairement des femmes, ndlr). »

L’EXPLICATION

Un accident du travail est « un accident survenu par le fait ou à l’occasion du travail de toute personne salariée ou travaillant pour un ou plusieurs employeurs », définit le code de la Sécurité sociale. En France, en 2015, près de 625 000 salariés ont été victimes d’un accident sur leur lieu de travail, selon un rapport de l’Assurance maladie.

Ce chiffre est en recul, avec une diminution du nombre de victimes d’accident du travail de 15,3 % depuis 2001. Si la tendance générale est à la baisse, certains salariés sont pourtant plus touchés par les accidents du travail qu’auparavant : ceux qui sont employés dans les activités de services à la personne notamment.

Comme l’affirme Jean-Luc Mélenchon, ce secteur est effectivement celui qui est le plus accidentogène. Selon l’Assurance maladie, ce sont plus de 151 000 salariés de ce secteur qui sont victimes d’accidents du travail chaque année. Loin derrière, à la 4e position, on retrouve le secteur du bâtiment et travaux publics (BTP), avec 91 783 salariés victimes d’un accident du travail, dont plus de 90 000 hommes, ce qui en fait le secteur le plus accidentogène chez les hommes.

Les accidents du travail chez les femmes en augmentation

Entre 2001 et 2015, le nombre d’hommes ayant eu un accident du travail s’est réduit de 28 % mais chez les femmes, le nombre de victimes a, lui, augmenté de 28 % dans le même temps, révèle l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact). Les hommes restent tout de même deux fois plus nombreux que les femmes à être touchés par un accident du travail (403 524 contre 221 001 en 2015) même si cet écart se réduit au fil des ans.

Cette forte augmentation du risque d’accident du travail chez les femmes vient notamment du fait qu’elles sont très nombreuses à travailler dans le secteur du service à la personne (santé, nettoyage, action sociale). En effet, sur les 151 000 accidents du travail dans ce secteur, plus de 90 000 concernent des femmes. 

Pour l’Anact, l’augmentation du nombre de femmes victime d’un accident du travail est liée «  à une invisibilité des risques pour certains emplois à prédominance féminine (service, soin, commerce, administratif…) compte tenu du fait qu’ils ont été longtemps considérés comme ‘‘légers’’ au contraire des emplois ‘‘lourds’’ à prédominance masculine (BTP, industrie, énergie…) ». L’agence évoque également des différences « morphologiques » entre les hommes et les femmes qui expliqueraient qu’un même métier puisse avoir des dégâts différents sur la santé en fonction du sexe.

Jean-Luc Mélenchon dit vrai en affirmant que le service à la personne est un secteur plus exposé aux accidents du travail que le BTP. Il a également raison de faire le lien entre les accidents du travail et les condition de travail des femmes puisqu’elles sont effectivement de plus en plus touchées par les accidents du travail.

Mathilde Delacroix

Les sources à consulter