JEAN-LUC MÉLENCHON

« Les rachats d’actions s’élevaient à 5 milliards d’euros l’année dernière, 9 milliards cette année »

Jean-Luc Mélenchon a fustigé les rachats d’actions réalisés par les entreprises du CAC 40, technique par laquelle une entreprise cotée en bourse rachète ses propres actions. Le candidat note que leur montant a presque doublé en un an. Une affirmation vraie. 

 

LE CONTEXTE

Dans le 14e épisode de « La revue de la semaine » sur sa chaîne Youtube, Jean-Luc Mélenchon s’est indigné du montant des dividendes versés par les entreprises du CAC 40 à leurs actionnaires. Pour lui, « le CAC 40 se gave ». Il a aussi réprouvé la stratégie de rachat d’actions que les entreprises cotées en bourse pratiquent, estimant que cela était « scandaleux ».

Pour étayer ses propos, le candidat de La France insoumise a avancé des chiffres de rachats d’actions, processus par lequel une entreprise cotée en bourse rachète ses propres actions. « L’année dernière, ils avaient racheté plus de 5 milliards de leurs actions. (…) Et maintenant, ils en sont à 9 milliards. »

 

L’EXPLICATION

En termes de chiffres, il dit vrai. Il sous-estime même un peu les montants. En réalité, les rachats d’actions s’élevaient à 5,5 milliards d’euros en 2015, contre 9,5 milliards en 2016, d’après la lettre de Vernimmen.net, une lettre d’information sur la finance.

 

Si les chiffres avancés par le candidat sont vrais, l’interprétation qui en est faite est à nuancer. Car Jean-Luc Mélenchon fait un véritable réquisitoire contre cette pratique, déclarant ainsi : « 9 milliards produits par le travail des salariés de ces entreprises, qui pourraient normalement revenir en salaire, ou qui pourraient revenir en investissements pour acheter de nouvelles machines moins polluantes, ou des matériaux de meilleure qualité pour éviter de polluer. 9 milliards qu’ils ont eux-mêmes jeté par la fenêtre pour que ça atterrisse dans leur cour. »

Dans les faits, les entreprises qui rachètent leurs actions ont des motivations diverses. Le rachat d’actions intervient parfois lorsque l’entreprise a des liquidités à disposition mais « ne trouve pas d’opportunités rentables d’investissements. Au lieu de le gaspiller dans des projets non rentables, les dirigeants préfèrent rendre le cash aux actionnaires », analyse Michel Albouy, professeur de finance à Grenoble Ecole de Management et professeur émérite à l’Université Grenoble Alpes. La principale limite des rachats d’action ? « Il ne faut pas que ces opérations se fassent au détriment des investissements de l’entreprise. »

Jean-Luc Mélenchon estime que ces rachats d’actions se font au détriment des salariés dont la rémunération pourrait être augmentée. Pour Michel Albouy, « l’impact direct sur les salariés est nul car les salaires sont payés à partir de l’activité de l’entreprise, c’est-à-dire son chiffre d’affaires et non par la trésorerie de l’entreprise. » Avant de nuancer : « Là où Jean-Luc Mélenchon a un peu raison, c’est qu’en rendant le cash aux actionnaires et en réduisant son volume d’investissement, l’entreprise peut avoir moins de croissance et donc ne pas développer/créer des emploi. » Toutefois, ces rachats d’actions peuvent permettre de distribuer « des actions gratuites et/ou des stock-options aux salariés », argue Michel Albouy.

Chloé Marriault

Les sources à consulter

  • La lettre Vernimmen, « Rachats d’actions et dividendes en 2016 », Lettre numéro 146 de Janvier 2017