MARINE LE PEN

« En Île-de-France, les feux de cheminée ont été interdits sous prétexte qu’ils polluent notre intérieur »

En 2014 et 2015, l’interdiction des feux de cheminée en Île-de-France a fait beaucoup parler. Si le chauffage au bois fait bien entrer des particules néfastes dans les habitations, à l’époque la mesure avait surtout été prise pour protéger l’atmosphère. Plusieurs études ont effectivement montré que le chauffage au bois rejetait presque autant de particules que le trafic routier.

LE CONTEXTE

Le Front national organisait vendredi 2 décembre sa cinquième convention présidentielle qui portait sur le thème de l’énergie et de l’écologie. Le rassemblement a été animé par le collectif Nouvelle écologie. Un collectif créé par le FN lui-même, en 2014, alors que l’écologie n’a jamais vraiment été une priorité pour le parti d’extrême droite et sa présidente, Marine Le Pen.

En fin de séance, la candidate à l’élection présidentielle de 2017 a pris la parole et a vivement critiqué la politique écologique du gouvernement actuel, qu’elle juge « trop punitive » et parfois « absurde ». « Rappelez-vous qu’on a interdit les feux de cheminée en Île-de-France sous prétexte que le feu de bois, ça pollue notre intérieur », ironisait-elle.

 

L’explication

L’interdiction des feux de cheminée dans le département d’Île-de-France, dont parle Marine Le Pen, avait suscité en 2015 une vive polémique et une succession d’arrêtés préfectoraux.

Le préfet de région et la DRIEE (Direction régionale et interdépartementale de l’Environnement et de l’Energie d’Île-de-France) mentionnent bien, dans un rapport de 2013, un impact négatif des feux de cheminées sur l’air intérieur.

« La concentration de polluants est plus élevée dans l’air intérieur des habitations équipées d’installations de combustion de bois peu performantes (et en particulier de foyers ouverts), que dans la moyenne des logements français », peut-on lire dans le rapport.

L’Ineris a également étudié le sujet, en 2008, et explique dans un rapport d’étude, que le chauffage au bois est responsable de l’augmentation « des concentrations intérieures en dioxyde d’azote, monoxyde de carbone, particules, benzène et HAP ».

Mais Marine Le Pen « oublie » de mentionner que le point principal de ce débat était la pollution de l’air causée par le chauffage au bois. De nombreuses études ont été réalisée par AirParif, association de surveillance de la qualité de l’air dans la région Île-de-France. D’après un rapport datant de 2011, dans les zones de l’agglomération parisienne, loin du trafic routier, le chauffage résidentiel au bois représente environ 7% des particules fines de l’atmosphère, quasiment autant que le trafic routier qui représente, lui, 8%.

Pourtant, dans la région « alors qu’il ne couvre que 3 % des besoins d’énergie pour le chauffage, le bois contribue à hauteur de 93 % aux émissions de particules du secteur résidentiel », détaille le Plan de protection de l’environnement élaboré par la préfecture. Un usage minime donc, mais qui a un fort impact sur l’air extérieur.

Ces particules fines ont un impact direct sur la santé et peuvent provoquer de l’asthme, des maladies cardiovasculaires, l’altération des fonctions pulmonaires ou encore des cancers du poumon.

Aujourd’hui, les feux de cheminée ne sont plus interdits dans la région francilienne mais davantage réglementés, surtout pour les foyers ouverts, beaucoup plus polluants. En effet, d’après le Guide pratique sur la qualité de l’air et le chauffage au bois, publié par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) en mai 2014, les foyers fermés les plus récents émettent, en moyenne, 3 kg de particules fines par an, contre 97 kg pour les foyers ouverts.

D’après le rapport d’AirParif, plus de la moitié des particules fines présentes en Île-de-France sont « importées », c’est à dire qu’elles proviennent de sources extérieures à la région, voire au pays. Le chauffage au bois et le trafic routier sont donc des sources de pollution localisées dans l’agglomération parisienne sur lesquelles les politiques locales peuvent agir. Ce qui explique que la majorité des mesures prises à Paris concernent soit les cheminées, soit le trafic, avec notamment la mise en place de la circulation alternée.

Mathilde Delacroix