MARINE LE PEN

« Le nombre de candidats en première année de médecine n’a jamais été aussi élevé »

Marine Le Pen a déploré, vendredi 31 mars, le manque de médecins en France alors que, selon elle, il n’y aurait jamais eu autant d’inscrits en première année de médecine. La candidate Front national a raison. Le nombre d’étudiants en Paces a plus que doublé depuis 2002.

LE CONTEXTE

Marine Le Pen était, vendredi 31 mars, à La Trinité-Porhoët dans le Morbihan, en Bretagne. Elle a déploré la situation de cette petite commune de moins de 700 habitants, située dans un désert médical. « Nous manquons de médecins depuis des années alors que le nombre de candidats en première année de médecine n’a jamais été aussi élevé », a-t-elle affirmé. La présidente du Front national a alors déclaré qu’elle relèverait le numerus clausus si elle était élue présidente. « Je propose que tous les médecins qui exercent en france soient formés en France. Sinon quel avenir nous promettons ? Être soigné par des médecins roumains alors que des milliers d’étudiants français restent sur la touche en fac de médecine », s’est-elle indignée.

L’EXPLICATION

A la rentrée 2015-2016, 57 700 étudiants étaient inscrits en Paces (Première année communes aux études de santé). Réformée en 2009, la première année de médecine est la seule voie qui permet d’accéder aux études de santé médicales (médecin, dentiste, sage-femme, kinésithérapeute) et pharmaceutiques.

Ces trois dernières années, le nombre d’étudiants inscrits en première année de médecine est resté stable. En 2013-2014, selon le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, 58 275 étudiants étaient inscrits en Paces. Ils étaient 58 202 en 2014-2015 et 57 700 en 2015-2016. Si l’on note quelques baisses certaines années, la tendance générale est à la hausse. En effet, un rapport de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) datant de 2003, évaluait le nombre d’étudiants en première année de médecine à 25 900, en 2002. Soit une augmentation de plus de 122 % entre 2002 et 2016. Marine Le Pen a donc raison d’affirmer que la France n’a jamais compté autant d’étudiants en Paces.

Une baisse du nombre de médecins dans les années à venir

Le nombre de médecins (en activité régulière et remplaçants), 215 583 selon l’Atlas de la démographie médicale en France, est, lui aussi, à son plus haut point mais il reste stable depuis 2006 (+ 1 %). Le Conseil national de l’ordre des médecins prévoit cependant une baisse des effectifs dans les années à venir, notamment à cause du nombre important de départs à la retraite.

Le vieillissement de la population fait exploser les besoins en soins et les déserts médicaux se multiplient. Ces derniers désignent des zones où la concentration de praticiens, généralistes ou spécialisés, est inférieure aux besoins des habitants. En France, sur 13 régions, 8 ont une densité médicale en dessous de la densité nationale, de 284,4 médecins pour 100 000 habitants, selon l’Atlas de la démographie médicale. La région Centre-Val de Loire recense la plus faible densité avec 232,7 médecins pour 100 000 habitants tandis que la région PACA enregistre la plus forte (350 médecins pour 100 000 habitants).

Pour mettre fin à cette désertification médicale, Marine Le Pen propose notamment de relever le numerus clausus. Décidé par le gouvernement, il limite le nombre d’étudiants admis en deuxième année de médecine suite au concours de fin de première année. En 2017, le numerus clausus a été fixé à 8 117, après l’augmentation de 478 places décidée par Marisol Touraine, ministre de la Santé. Si le nombre d’étudiants en première année de médecine a plus que doublé depuis 2002, le nombre d’admis en deuxième année a aussi augmenté, mais pas dans les mêmes proportions. En effet, en 15 ans, le numerus clausus, est passé de 4 700 à 8 117, soit une augmentation de 72 %.

Marine Le Pen a donc raison lorsqu’elle affirme que malgré le nombre élevé d’étudiants inscrits en première année de médecine, le nombre de médecins en activité n’est plus suffisant pour répondre aux besoins de la population.

Mathilde Delacroix

Les sources à consulter