Nicolas Dupont-Aignan

« Fillon et Macron ont eu des centaines d’heures d’antenne, j’en ai eu 18 »
Nicolas-Dupont Aignan le répète souvent : il ne pense pas bénéficier d’une exposition suffisante dans les médias. Sur France 2, le président de Debout la France a pointé les différences de traitement entre les candidats, assurant que François Fillon et Emmanuel Macron ont eu « des centaines d’heures d’antenne », alors que lui n’en aurait eu que 18. S’il dit vrai, les médias ne font en réalité qu’appliquer la liberté éditoriale accordée par le CSA.

LE CONTEXTE

La bataille de Nicolas Dupont-Aignan en faveur d’une exposition médiatique égale entre tous les candidats n’en finit pas. Invité de l’émission d’On n’est pas couché sur France 2 samedi 25 mars, le président de Debout la France s’est une nouvelle fois emporté contre les temps de paroles accordés aux candidats. « M. Fillon et M. Macron ont eu des centaines d’heures d’antenne, j’en ai eu 18 depuis le début de la campagne », a déploré Nicolas Dupont-Aignan. Avant de conclure : « J’aimerais que les Français puissent comparer les candidats et les projets ».

L’EXPLICATION

Nicolas Dupont-Aignan est-il si mal représenté dans les médias ? Il bénéficie en tout cas d’une exposition bien moindre comparé à François Fillon ou Emmanuel Macron. Comme il l’affirme, le candidat Les Républicain et celui d’En Marche ! comptent plusieurs centaines d’heures d’antenne depuis le 1er février, selon les données mises à disposition par le CSA. Plus de 500 pour François Fillon et 300 pour Emmanuel Macron, contre seulement 25 pour Nicolas Dupont-Aignan.

Il faut néanmoins préciser que les chaînes ne font qu’appliquer la règle d’équité du Conseil supérieur de l’audiovisuel. L’institution a changé ses règles en juin 2016 pour garantir l’équilibre des temps de parole entre candidats à la radio et à la télévision. Il a notamment renforcé le principe d’« équité » avant le début officiel de la campagne, qui a lieu le 9 avril 2017.

Le principe d’équité implique que les services de radio accordent aux candidats et à leurs soutiens des temps de parole ou d’antenne « en tenant compte de leur représentativité et de leur implication effective dans la campagne ». Le CSA précise les paramètres qu’il prend en compte : les résultats du candidat ou de la formation politique aux récentes élections, la capacité « à manifester concrètement son implication dans la campagne : organisation de réunions publiques, participation à des débats, désignation d’un mandataire financier » et « tout élément permettant de porter à la connaissance du public les éléments du programme du candidat ».

Principe d’équité vs principe d’égalité

Avant le début de la campagne officielle, les chaînes de télévision et de radio restent donc libres dans leurs choix éditoriaux. Afin d’équilibrer le traitement médiatique et de garantir la transparence, le CSA transmet toutefois chaque semaine, depuis le 1er février, les relevés de temps de parole de chaque candidat.

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La campagne présidentielle a cependant une spécificité : le principe d’égalité vient remplacer le principe d’équité dans un second temps. À partir du début officiel de la campagne le 9 avril 2017, tous les candidats seront logés à la même enseigne, avec des temps de parole et d’antenne égaux des candidats et de leurs soutiens.

Nicolas Dupont-Aignan a donc raison en affirmant que certains candidats ont plus de plusieurs centaines d’heures d’antenne, mais il ne précise pas que les chaînes de télévision et de radio ne font qu’appliquer la liberté éditoriale que leur garantit le CSA.

Camille Charpentier