Nicolas Dupont-Aignan
LE CONTEXTE
Nationaliser les autoroutes : voici une des mesures promises par Nicolas Dupont-Aignan. Invité de l’émission BFM Politique dimanche 2 avril, le candidat à la présidentielle a jugé les bénéfices des sociétés qui exploitent le réseau « exorbitants ». « Près de deux milliards par an », a affirmé le président de Debout la France, qui souhaite également rendre gratuites les autoroutes déjà remboursées.
L’EXPLICATION
En France, ce sont les entreprises Vinci, Eiffage, Sanef et Abertis qui exploitent le réseau des autoroutes. Réalisent-elle d’importants bénéfices, comme l’affirme Nicolas Dupont-Aignan ? L’Autorité de la concurrence a publié, en 2014, un avis sur le secteur après la privatisation des sociétés concessionnaires, entamée en 2002 et terminée depuis 2006. Le document met en avant la « rentabilité exceptionnelle » des ces entreprises, malgré une dette très lourde à éponger. « La dette est cependant tout à fait soutenable compte tenu des cash-flows [flux de trésorerie, ndlr] générés par l’activité, lesquels sont importants et, sauf crise majeure, croissants jusqu’à la fin de la concession », indique le document. Comprendre : le passage par le péage payé par les automobilistes assure le remboursement de la dette.
L’Autorité explique que le principal risque pour les entreprises serait que le trafic s’atténue mais il a « toujours progressé depuis des décennies ». Conclusion de l’Autorité : « En les privatisant en 2006, l’État a vendu une rente qui, compte tenu du modèle financier des concessions autoroutières et sauf crise majeure entraînant un effondrement du trafic, sera croissante jusqu’à la fin des concessions. » Les sociétés qui gèrent les autoroutes font donc d’importants bénéfices, comme l’affirme Nicolas Dupont-Aignan. « Le chiffre d’affaires de l’ensemble des SCA [sociétés en commandite d’action, ndlr], y compris les nouvelles concessions, est en progression constante », note l’Autorité de la concurrence. Le montant de leurs dividendes s’élevait, en 2013, à 1,5 milliard d’euros et non pas 2 milliards comme l’affirme Nicolas Dupont-Aignan.
Une augmentation constante du tarif des péages
Une conséquence de l’augmentation du tarif des péages, continue depuis 2004. En 2013, la Cour des comptes a formulé les mêmes observations. Elle notait notamment des hausses des prix aux péages nettement supérieures à l’inflation : jusqu’à 2,2 % par an, quand l’inflation était seulement de 1,6 %.
Nicolas Dupont-Aignan a donc raison en affirmant que les sociétés en charge des autoroutes font d’importants bénéfices qui ne cessent d’augmenter. Mais aucun chiffre officiel ne fait état d’un bénéfice de 2 milliards d’euros par an, ce chiffre étant pour l’instant de 1,5 milliard d’euros.
Camille Charpentier
Les sources à consulter
- L’Autorité de la concurrence – Avis n° 14-A-13 du 17 septembre 2014 sur le secteur des autoroutes après la privatisation des sociétés concessionnaires
- La Cour des comptes – Les relations entre l’État et les sociétés concessionnaires d’autoroutes (2013)