NICOLAS SARKOZY

« Il n’y a pas une grande économie moderne qui soit à 22% de TVA. »

Nicolas Sarkozy affirme qu’aucune grande économie moderne n’a un taux de TVA à 22%, pourcentage que veut mettre en place François Fillon s’il est élu président de la République. La déclaration de l’ancien chef de l’Etat est quelque peu imprécise : tout dépend en réalité de ce que l’on entend par « grande économie moderne », ce qui peut varier en fonction du PIB choisi. D’autres « grands » pays peuvent ainsi afficher un taux de TVA supérieur à 22%.

 

LE CONTEXTE

Lors du troisième débat de la primaire de la droite et du centre, qui s’est déroulé jeudi 17 novembre sur France 2, Nicolas Sarkozy a annoncé ses points de désaccords avec François Fillon. Il a notamment attaqué son ancien Premier ministre sur le sujet de la TVA, qu’il souhaite augmenter de deux points, la faisant ainsi passer de 20 à 22%. « Je pense que François Fillon sous-estime le ras-le-bol de la classe moyenne à propos des impôts. Pour ma part, je dis que l’alternance ne peut se traduire que par une baisse d’impôt. Je refuse les deux points de TVA (supplémentaires, ndlr). » Avant d’ajouter : « Il n’y a pas une grande économie moderne qui soit à ce taux de TVA (22% ndlr). »

 

L’explication

Rappelons d’abord ce qu’est la TVA. L’Insee donne une définition simple de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Il s’agit d’un « impôt sur les produits collectés par les entreprises et intégralement supporté par l’acheteur final en dernier ressort ». Cet impôt payé par les consommateurs est divisé en trois taux : normal, intermédiaire et réduit. Le taux normal est celui qui est mis en exergue par Nicolas Sarkozy dans le troisième débat de la primaire de la droite et du centre. Ce taux, fixé à 20% depuis le 1er janvier 2014 par le gouvernement, s’applique pour l’ensemble des ventes de biens et de prestations de services. Il est le seul taux imposé sur les biens et services.

François Fillon souhaite augmenter ce taux de deux points, le faisant ainsi passer de 20 à 22%. Une proposition que Nicolas Sarkozy n’approuve pas. « Il n’y a pas une grande économie moderne qui soit à ce taux de TVA (22% ndlr) », affirme-t-il. Quand Nicolas Sarkozy parle de « grande économie moderne », il s’agit d’économies au moins aussi fortes que celle de la France. Toutefois, le classement des grandes puissances économiques mondiales varie selon le PIB (produit intérieur brut) choisi.

En comparant les PIB simples des plus grandes économies mondiales en 2015 grâce aux données fournies par la Banque mondiale, la France arrive en 6e position. Dans ce cas, il est exact de dire que la France aurait le taux de TVA le plus élevé avec 22% parmi les plus grandes puissances économiques modernes. Cela est également vrai lorsque l’on prend le PIB en parité de pouvoir d’achat, autrement dit le PIB qui tient compte du coût de la vie dans les pays. L’Hexagone se positionne alors au 9e rang et a encore une fois le taux de TVA le plus fort. Dans ces exemples, la France est devant le Royaume-Uni avec 20% et l’Allemagne à 19% de TVA.

En revanche, si l’on établit un classement avec le PIB par tête, c’est-à-dire en comptabilisant la richesse nationale à l’échelle de l’habitant, la France n’est plus que 21e. Des pays comme la Norvège (3e), le Danemark (8e), l’Irlande (9e), la Suède (12e) et la Finlande (18e) se classent ainsi devant cette dernière. D’après les données fournies par la Commission Européenne en 2016,  la Norvège, le Danemark et la Suède ont un taux de TVA à 25%. Ce pourcentage est de 24% pour la Finlande et de 23% pour l’Irlande.

Nicolas Sarkozy s’est donc montré au mieux imprécis en évoquant une « grande économie moderne ». Si François Fillon devient président de la République et augmente la taxe à valeur ajoutée de 2 points, la France aura toujours un taux de TVA plus fort que l’Allemagne ou le Royaume-Uni, deux pays souvent pris comme exemple, mais ne sera pas, non plus, le pays dans lequel cette taxe sera la plus élevée, notamment en Europe.

Apolline Merle