Yannick Jadot

« En France il y a 42 000 morts prématurés à cause de la pollution de l’air »

Bien que difficile à quantifier, l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique est une réalité. Yannick Jadot,  candidat écologiste à la présidentielle, s’est appuyé sur les résultats d’une étude européenne de 2005 qui estimait à 42 000 les morts prématurées à cause de la pollution de l’aire en France. Depuis, ces chiffres ont été revus à la hausse par l’agence de santé publique.

 

 

LE CONTEXTE

Alors que la région parisienne est en circulation alternée à la suite d’un pic de pollution historique, c’est un chiffre choc que le candidat écologiste à l’élection présidentielle, Yannick Jadot, a asséné mardi 6 décembre sur BFMTV :  “En France il y a 42 000 morts prématurées chaque année à cause de la pollution de l’air.” “C’est un acte criminel de l’Etat” a-t-il ensuite fustigé.

Si ce chiffre peut paraître surprenant, il est vrai…et même sous estimé par le député européen. Celui-ci fait référence à des données publiées il y a onze ans, qui, depuis, ont été mises à jour.

 

L’explication

Le chiffre mentionné par Yannick Jadot face à Jean-Jacques Bourdin est issu d’un rapport de la Commission Européenne publié en 2005, dans le cadre du programme “Air pur pour l’Europe”. Ce rapport cherchait, entre autre, à démontrer l’impact des particules fines sur l’espérance de vie des Européens. Les particules fines sont des éléments en suspension dans l’air qui ont un diamètre inférieur à 10 ou bien à 2,5 micromètres. Lorsqu’elles pénètrent dans le système respiratoire elles peuvent provoquer des problèmes de santé importants comme la dégradation de la fonction pulmonaire. Selon cette étude de 2005, la France comptait 42 202 morts prématurées chaque année.

Jusqu’à il y a peu, cette étude était la plus récente disponible sur le sujet. Mais la nouvelle agence de santé publique a publié en juin le résultat de ses recherches menées entre 2007 et 2008 dans plus de 36 000 communes. Cette étude révèle que 48 000 décès pourraient être évités chaque année si les niveaux de particules fines de 2,5 micromètres (PM2,5) étaient moins élevés. Le niveau de ces particules en suspension est l’indicateur de pollution le plus étudié en ce qui concerne les effets sur la santé. 48 000 décès, cela correspond à 9 % de la mortalité en France. Pour les personnes âgées de 30 ans cela peut représenter une perte d’espérance de vie de deux ans selon l’étude.

L’exposition quotidienne et durable nuit le plus à la santé

Parmi les causes de décès en France, en 1991, les maladies liées à l’appareil respiratoire occupent la troisième position derrière les tumeurs et les maladies de l’appareil circulatoire.

Cela signifie t-il pour autant que les particules fines sont entièrement responsables des maladies qui entraînent le décès  ? « On ne peut pas comptabilisés directement le nombre de décès dus à la pollution atmosphérique car les affections respiratoires, cancers du poumon ou accidents vasculaires cérébraux peuvent être provoqués par de nombreux facteurs. », nuançait en 2013 Agnès Lefranc, adjointe au directeur du département santé et environnement de l’Institut de veille sanitaire (InVS), sur le Monde.fr.

D’après les conclusions de l’étude santé publique France, c’est surtout l’exposition quotidienne à la pollution qui a un impact important sur la santé. Les pics de pollution exceptionnels, comme ceux auxquels la région parisienne est confrontée en ce moment, auraient un effet plus marginal.

Yannick Jadot avait donc raison de mettre en garde contre les risques de la pollution de l’air sur la santé. Même s’il s’est basé sur une étude d’il y a onze ans, ses propos sont encore d’actualité.

Ralitsa Dimitrova