Le tabac représente plus de 20 milliards d’euros de dépenses pour l’assurance maladie

27 Déc 2017

 

AGNÈS BUZYN

« Le tabac représente plus de 20 milliards d’euros de dépenses pour l’assurance maladie »

Parmi les grands dossiers de son ministère, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a décidé de s’attaquer au tabagisme. Interrogée par Libération, elle a souligné que le tabac était responsable de 20 milliards de dépenses pour l’assurance maladie. Elle a notamment mis en cause les films, qui pousseraient 20 % des jeunes à commencer à fumer. Deux statistiques qui sont vraies.

LE CONTEXTE

Dans un entretien accordé au quotidien Libération le 12 décembre 2017, la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, fait le point sur principaux dossiers de son ministère. Parmi eux : la lutte contre le tabagisme. À ce sujet, elle a ainsi avancé que le tabac représentait « plus de 20 milliards d’euros de dépenses pour l’assurance maladie ».

L’EXPLICATION

Interrogée sur les critiques qu’elle a reçues suite à sa remise en question de la présence de la cigarette au cinéma, Agnès Buzyn a tenu à réaffirmer sa volonté de lutter contre le tabagisme. Pour soutenir sa cause, elle invoque que « le tabac, ce sont plus de 20 milliards d’euros de dépenses pour l’assurance maladie ».

En septembre 2015, Pierre Kopp, professeur et chercheur en économie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, dressait un rapport sur le coût social des drogues en France, pour l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Dans celui-ci, on apprenait que l’État avait versé 25,9 milliards d’euros en 2010 pour les soins médicaux liés au tabac. Un chiffre à mettre en regard des recettes générées par les taxes sur les paquets de cigarettes : la même année, cette taxation rapportait à peine plus de 10 milliards d’euros, soit 16 milliards de moins.

En avançant ce chiffre, la ministre de la Santé souhaitait donner du poids à son projet de limiter la présence des cigarettes dans les films français. Jean-Paul Belmondo dans « À bout de souffle », Lino Ventura dans « Les tontons flingueurs » ou Audrey Tautou dans « Coco avant Chanel », tous ont comme point commun d’être passés sur grand écran la cigarette à la bouche. Si la loi Évin interdit en effet toute « publicité, directe ou indirecte, en faveur du tabac, des produits du tabac, de la cigarette électronique et flacons de recharge qui lui sont associés », le cinéma n’est pas concerné. Une étude Ipsos, commandée par La ligue contre le cancer, a ainsi montré que, parmi les 30 films français ayant comptabilisé le plus grand nombre d’entrées au cinéma, 80 % présentaient des personnages qui fumaient et des objets liés au tabac.

Or, pour Agnès Buzyn, ce constat pose problème. Dans son interview pour Libération, elle ajoute : « 20 % des jeunes disent avoir commencé à fumer sous l’influence d’une vision positive du tabac, portée le plus souvent par le cinéma. » La ministre appuie cette estimation sur une série d’études réalisées ces dernières années aux États-Unis où, depuis 2007, le tabac fait partie des éléments pris en compte par l’Association du cinéma américain (Motion Picture Association of America) pour la classification des films. Une étude publiée en 2012 dans la revue scientifique de référence Pediatrics concluait que réserver les films présentant du tabac aux plus de 18 ans (« Restricted rating ») « pourrait réduire le nombre de fumeurs aux Etats-Unis de 18 % ».

Que ce soit lorsqu’elle affirme que le tabac coûte, chaque année, 20 milliards d’euros à l’assurance maladie ou que 20 % des jeunes ont commencé à fumer à cause du cinéma, Agnès Buzyn dit donc vrai.

Corentin Lacoste

Les sources à consulter