[Les] enseignant[s] ne travaille[nt] pas compte tenu de la fermeture des écoles

6 Avr 2020

 

SIBETH NDIAYE

« (Les) enseignant(s) ne travaille(nt) pas compte tenu de la fermeture des écoles »

Alors qu’elle voulait expliciter l’appel de l’exécutif aux personnes sans activité à participer aux récoltes des agriculteurs, la porte-parole du gouvernement a pris le contre-exemple d’un “enseignant qui ne travaille pas”. Or, les enseignants, même si les écoles sont fermées, travaillent. Depuis le 16 mars 2020, ils organisent leurs cours à distance dans le cadre de la continuité pédagogique qu’ils doivent assurer auprès de leurs élèves.

LE CONTEXTE

Lors de sa conférence de presse à l’Elysée du mercredi 25 mars 2020, Sibeth Ndiaye, porte parole du gouvernement a déclaré : “Nous n’entendons pas demander à un enseignant qui ne travaille pas compte tenu de la fermeture des écoles de traverser la France entière pour aller récolter des fraises gariguettes”. Elle était interrogée sur l’appel du ministre de l’Agriculture Didier Guillaume à aller dans les champs pour assurer les récoltes alors même que les autorités exigent aux citoyens de rester chez eux. Pour appuyer cette contradiction, elle a alors pris l’exemple d’un enseignant qui pendant le confinement ne travaillerait pas. Ce propos a interpellé toute la communauté éducative, y compris les syndicats d’enseignants.

L’EXPLICATION

Les enseignants travaillent depuis la fermeture aux élèves de toutes les écoles et de tous les établissements scolaires (définie par l’arrêté du 14 mars 2020 portant diverses mesures relatives à la lutte contre la propagation du Covid-19). L’enseignement à distance est assuré depuis le lundi 16 mars 2020. La continuité pédagogique est l’une de leurs missions définie dans le Code de l’éducation dans son chapitre II et dans la Circulaire 97-123 du 23 mai 1997 relative aux Mission du professeur exerçant en collège, en lycée d’enseignement général et technologique ou en lycée professionnel. Dans ce cadre, les élèves ont des activités à réaliser (cours à suivre en visioconférences, exercices dématérialisés) et des devoirs à rendre dans les délais fixés par leurs professeurs.

Comme indiqué dans le Vademecum du Ministère de l’Education nationale relatif à la continuité pédagogique, chaque établissement scolaire met à disposition des élèves un espace numérique de travail (ENT). L’élève y télécharge les documents (sujets, supports de cours, exercices…) à travailler.

Sur le site du Syndicat National des Enseignants de Second Degré (SNES-FSU), il est indiqué que “les ENT ont saturé dès le lundi 16 mars”, ce qui tend à indiquer que les enseignants, soucieux d’assurer leur travail, se sont largement saisis de cet outil. Dans un communiqué, la FSU a par ailleurs réclamé des excuses publiques face aux propos de Sibeth Ndiaye.

Sur le site du Médiateur de Radio France, des témoignages de parents d’élèves indiquent que le travail demandé par les enseignants pendant le confinement est exigeant. La Fédération Nationale des Conseils de Parents d’Elèves des Ecoles laiques (FCPE) Paris a fait remonter au ministère, les difficultés des parents à suivre les aménagements prévus dans le cadre de cette continuité pédagogique. Ils sont par ailleurs surpris par la quantité de travail à réaliser par leurs enfants.

Le suivi de la continuité pédagogique à distance par les enseignants est la preuve que les propos de la porte parole du gouvernement, qui relèvent certainement de la maladresse, plus que de la désinformation, sont faux. Les enseignants travaillent même quand les écoles sont fermées et davantage en période de confinement. Sibeth Ndiaye a d’ailleurs rapidement présenté ses excuses.

Emmanuelle Lescaudron

Les sources à consulter :