Toutes les 8 minutes, nous sauvons une vie en restant chez nous

11 Avr 2020

 OLIVIER VÉRAN

« Toutes les 8 minutes, nous sauvons une vie en restant chez nous »

Olivier Véran, ministre de la Santé, a cité une étude anglaise très reprise et conclu que le confinement permet de sauver une vie toutes les 8 minutes. S’il semble plausible au regard des données présentées par les chercheurs, ce chiffre n’apparait pas dans l’étude.  Par ailleurs, celle-ci ne porte pas sur le seul confinement mais plus largement sur toutes les mesures « non-pharmaceutiques ».

LE CONTEXTE

Le 31 mars 2020, lors des questions au gouvernement, le ministre de la Santé Olivier Véran a évoqué la dernière étude de l’Imperial College sur les effets du confinement en Europe.« L’effet du confinement est majeur. D’après cette étude anglaise, dont je n’ai pas de raison de douter même si je ne la prends pas pour argent comptant, elle tend à montrer qu’en 12 jours de confinement ce sont 2 500 vies qui ont été épargnées dans notre pays. C’est à dire que toutes les 8 minutes, nous sauvons une vie en restant chez nous.»

L’EXPLICATION

Olivier Véran fait référence à une étude de l’Imperial College publiée le 30 mars 2020. Celle-ci porte sur les effets des mesures «non-pharmaceutiques» mises en place par 11 pays européens pour lutter contre la propagation du Covid-19. Cela comprend la mise en quarantaine des malades, la fermeture des écoles, l’interdiction des événements publics, le confinement de la population, etc. 

Cette étude est à prendre avec précaution. Elle est basée sur des projections mathématiques et part de l’hypothèse, précisée dans l’introduction, qu’une même mesure de confinement a le même impact dans chaque pays européen observé. Dans un article paru sur The Conversation, les chercheurs Jean-François Toussaint et Andy Marc invitent également à considérer l’étude avec prudence.

Selon les chercheurs de l’Imperial College, sans ces mesures de prévention, la France compterait, au mardi 31 mars 2020, 5 600 morts, au lieu des 3 100 officiellement comptabilisés. Soit 2 500 vies sauvées.

Pourtant, les chiffres cités par le ministre n’apparaissent pas dans l’étude. Celle-ci ne porte pas sur les « douze jours» de confinement mais sur les mesures prises «depuis le début de l’épidémie».

L’idée que grâce au confinement, une vie est sauvée toutes les huit minutes, n’est pas non plus présente dans l’étude. Contacté, le cabinet d’Olivier Véran explique avoir calculé lui-même ce chiffre. 2500 vies aurait été sauvées depuis le début du confinement le 17 mars jusqu’au 31 mars. Par un rapide calcul, on obtient bien une vie sauvée toutes les huit minutes.

Il faut également préciser que l’étude porte sur toutes les mesures «non pharmaceutiques» mis en place par les pouvoirs publics depuis le début de l’épidémie et non sur le seul confinement comme l’a dit Olivier Véran. 

Les propos du ministre de la Santé sont donc imprécis.

François Blanchard