Récompenses cinématographiques décernées par l’Académie des arts techniques du cinéma depuis 1975, les Césars sont l’équivalent français des Oscars. Mais comme leur homologue américain, les Césars ont encore du chemin à faire avant d’atteindre la parité. Les femmes sont encore trop peu présentes dans la liste des nommés. Il faut d’ailleurs attendre 1979, soit trois ans après la première cérémonie des Césars, pour qu’une femme soit nommée dans la catégorie « Meilleur réalisateur ». Il s’agissait d’Ariane Mnouchkine pour Molière. Elle n’a toutefois pas remporté le prix, qui a été attribué à un homme.
Ce schéma s’est d’ailleurs reproduit pendant de longues années, puisqu’il a fallu attendre 2000 pour que Tonie Marshall soit la première femme à remporter ce César pour son film Vénus Beauté (Institut). Depuis la création des Césars, les femmes représentent 8,6 % des nommés dans la catégorie « Meilleur réalisateur », soit 20 femmes sur 231 nommés. Un score légèrement supérieur à celui des Oscars, mais encore trop faible.
Encore trop peu de femmes étaient présentes dans la liste des lauréats de la 44e cérémonie des Césars, qui s’est déroulée le 22 février 2019. En dehors des catégories traditionnellement réservées aux femmes (« meilleure actrice », « meilleur espoir féminin » et « meilleure actrice dans un second rôle »), seulement trois femmes sont reparties avec un prix : Brigitte Taillandier et Valérie De Loof dans la catégorie « meilleur son » pour Les Frères Sisters, et Andréa Bescond pour la « meilleure adaptation » du film Les Chatouilles. Des prix qu’elles ont toutefois dû partager avec des hommes.
La condition des femmes a tout de même été au centre de cette 44e édition, puisque Jusqu’à la garde, qui a obtenu le César du « meilleur film » est un long-métrage traitant de la violence conjugale. Le réalisateur du film, Xavier Legrand, a déclaré pendant la soirée qu’il « serait temps de penser aux victimes à un autre jour que le 25 novembre », Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. La cérémonie a également été marquée par le discours de Léa Drucker, lauréate du César de la « meilleure actrice » pour son rôle dans Jusqu’à la garde. « Je voudrais saluer toutes les féministes, celles qui écrivent, agissent, prennent la parole et défendent au quotidien la cause des femmes. Qui bravent parfois des tempêtes d’insultes et d’agressivité en tout genre », a-t-elle déclaré.
- Lire : « César 2019 : Retrouvez le palmarès complet de la cérémonie » sur Cnews.fr
En 2018 déjà, la cérémonie des Césars était placée sous le symbole du féminisme. Quelques mois après le début de l’affaire Harvey Weinstein, un collectif d’actrices françaises avait lancé un appel aux dons pour les victimes de violences sexistes et sexuelles. Les actrices avaient également porté un ruban blanc lors de la 43e cérémonie des Césars pour soutenir cette lutte. L’humoriste Blanche Gardin, qui avait été appelée sur scène pour remettre le César du « meilleur espoir féminin », avait dénoncé la condition des femmes dans le cinéma. « Je crois que c’est clair pour tout le monde : les producteurs n’auront plus le droit de violer les actrices », avait-elle déclaré dans un discours sur le ton de l’humour.
Pour inciter à plus de parité dans le cinéma français, l’ancienne ministre de la Culture Françoise Nyssen a annoncé en septembre 2018 l’attribution d’un bonus de 15% aux subventions pour les films « exemplaires en matière de parité ». Ce bonus serait basé sur un système de 8 points, avec un point décerné chaque fois qu’une femme occupera un poste clé dans la réalisation d’un film, que ce soit dans le casting ou dans l’équipe technique. « Le bonus sera ouvert dès lors que l’équipe totalise au moins 4 points », a expliqué Françoise Nyssen, en rappelant que cela correspondait aujourd’hui à « moins d’un film sur six ».
Selon le Centre national du cinéma (CNC), il existe une forte inégalité en matière de financement des films. En plus d’être moins bien payées que leurs confrères réalisateurs (une différence de 42% selon les chiffres du CNC), les femmes ont également plus de mal à obtenir des gros budgets pour leurs films. Leur budget s’élève en moyenne à 3,5 millions d’euros, contre 4,7 millions pour un réalisateur.
Ces inégalités ne concernent pas seulement les Académies des Oscars et des Césars. Au Festival de Cannes, la parité est également loin d’être atteinte, puisqu’une seule femme a remporté la Palme d’or en plus de 60 ans d’existence.