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Coupe du monde de rugby 2023

La France au cœur de la mêlée

L’Équipe de France du rugby lors de son dernier match du Tournoi Six Nations 2023 contre le Pays de Galles au stade de France (41-28). Photo : Franck Fife/AFP

À quelques mois de la Coupe du monde de rugby, la France se prépare à relever deux défis de grande ampleur : organiser un événement sportif majeur, moins d’un an avant les jeux Olympiques de 2024, et gagner son premier trophée mondial.

 

Par Mathias Fleury et Mathilde Lafargue
L es passionnés de ballon ovale seront nombreux à venir en France pour suivre le Mondial. Jusqu’à 2,6 millions de spectateurs, dont 600 000 supporters étrangers, sont attendus d’après les organisateurs. La compétition se déroulera sur huit semaines, avec 48 matchs, dans 9 stades de villes différentes. Elle réunit 660 joueurs de 20 nations différentes, qui tenteront de succéder à l’Afrique du Sud, vainqueure de la précédente édition. L’événement débutera et se clôturera au Stade de France après être passé par Saint-Etienne, Toulouse, Nice, Marseille, Bordeaux, Nantes, Lille et Lyon. À l’affiche du match d’ouverture : les Bleus face aux All Blacks.

Après plusieurs années de stagnation, voire de baisse significative durant le Covid, le rugby attire de nouveau de nombreux sportifs. C’est notamment le cas du rugby féminin, qui a connu une hausse de 22 % du nombre de licenciées en 2022. Avant de suivre le Mondial d’Antoine Dupont et de ses coéquipiers, les fans de rugby pourront encourager les Bleues durant la Coupe du monde féminine qui se jouera du 20 juillet au 20 août.

 

Infographie : Mathias Fleury et Mathilde Lafargue.

Un village rugby sera installé place de la Concorde, à Paris, pour rassembler les fans. Il pourra accueillir jusqu’à 10 000 personnes. « C’est un lieu de prestige pour un événement de prestige. C’est un des événements majeurs du sport mondial et on voulait aussi, au niveau de la ville de Paris, avoir un lieu qui soit à la hauteur et adapté. À la fois en ce qui concerne la programmation, les festivités et puis aussi pour l’image que cela va renvoyer à l’international », explique Pierre Rabadan, adjoint à la mairie de Paris chargé du sport et des JO.

En 2007, La France avait déjà accueilli le même événement. Malgré une décevante quatrième place, cela avait créé un grand engouement autour du rugby : le nombre de licenciés était passé de 278 634 en 2007 à 363 073 en 2008. Après plusieurs années de stagnation, voire de baisse significative durant le Covid, le rugby attire de nouveau de nombreux sportifs. C’est notamment le cas du rugby féminin, qui a connu une hausse de 22 % du nombre de licenciées en 2022. Avant de suivre le Mondial d’Antoine Dupont et de ses coéquipiers, les fans de rugby pourront encourager les Bleues durant la Coupe du monde féminine qui se jouera du 20 juillet au 20 août.

Un village rugby sera installé place de la Concorde, à Paris, pour rassembler les fans. Il pourra accueillir jusqu’à 10 000 personnes. « C’est un lieu de prestige pour un événement de prestige. C’est un des événements majeurs du sport mondial et on voulait aussi, au niveau de la ville de Paris, avoir un lieu qui soit à la hauteur et adapté. À la fois en ce qui concerne la programmation, les festivités et puis aussi pour l’image que cela va renvoyer à l’international », explique Pierre Rabadan, adjoint à la mairie de Paris chargé du sport et des JO.

C’est le premier événement sportif de grande ampleur que le France est chargée d’organiser seule depuis l’Euro 2016 de football. La Coupe du monde de rugby servira de dernière répétition organisationnelle pour les jeux Olympiques de 2024. Ceux-ci devraient réunir près de 10 millions de spectateurs. Elle sera donc un espace d’expérimentation de nouveaux outils, moins d’un an avant les JO. 

Dispositif controversé, la vidéosurveillance algorithmique devrait y être testée, une première dans l’Union européenne. Ce projet a été adopté par le parlement en avril 2023. D’après le texte de la loi olympique, la vidéoprotection doit permettre

Ceux qui n’ont pas les moyens ou l’envie de se rendre au stade pourront profiter de la retransmission des matchs sur des chaînes gratuites : TF1, France TV et M6. C’est sur la première que devront se rendre les passionnés de rugby pour assister aux rencontres du XV de France et aux principales affiches de la compétition.

d’assurer « la sécurité de manifestations sportives qui sont particulièrement exposées à des risques d’actes de terrorisme ou d’atteintes graves à la sécurité des personnes ». L’objectif est de détecter des faits et gestes potentiellement dangereux grâce à des algorithmes qui analysent des images captées par des drones et des caméras.

Mais la gauche et des associations de défense des libertés s’y opposent et craignent des dérives. L’usage de cette technologie pourrait conduire à une surveillance généralisée de la population. Sous couvert de garder un œil sur les comportements suspects et de pouvoir intervenir à temps, la vidéosurveillance pourrait s’installer dans l’espace public.

Pour gérer les foules sur place et prévenir tout risque d’attentat, le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, a relevé le taux de présence de la police à 80 %. Afin de lutter contre la délinquance pendant les JO, Gérald Darmanin avait annoncé, devant le Sénat en octobre 2022, que 30 000 policiers et gendarmes seraient déployés en moyenne chaque jour.

La Coupe de monde de rugby a signé un partenariat avec la SNCF qui se chargera de transporter les équipes, les arbitres et les officiels de la compétition. Le défi logistique est de taille, avec les millions de supporters qui voyageront aussi à bord de trains. En vue des événements rugbystique et olympique, la RATP a également annoncé une campagne de recrutement massive de conducteurs de bus et de métro et d’agents de gares et de stations.

Les organisateurs du Mondial affichent également leur volonté de limiter l’empreinte carbone d’un tel événement. Elle se traduit par exemple par la mise en place d’un tri des déchets et par la mise en valeur d’engagements éco-responsables telle que l’économie durable et circulaire des emballages, prônée par Volvic, autre partenaire officiel.

L’organisation de la Coupe du monde 2023 semble donc se dérouler pour le mieux. Elle a cependant fait l’objet de plusieurs scandales, notamment avec les affaires Claude Atcher et Bernard Laporte.

L’inquiétude latente après l’échec de la finale de la Ligue des champions 2022

Un an après le fiasco de la finale de la Ligue des champions (Real Madrid – Liverpool) en 2022, la France est attendue au tournant sur sa capacité à organiser un événement sportif international. La séquence a été catastrophique pour l’image du pays à l’étranger : après plusieurs heures d’émeutes, de heurts et de désorganisation, le match été décalé de trente minutes (fait extrêmement rare pour une rencontre de cette importance), et de nombreux supporters munis d’un billet n’ont pas pu assister à la rencontre.

Le premier occupait le poste de directeur général de l’événement. En juin 2022, il a été accusé de harcèlement moral par plusieurs collaborateurs dans un article paru dans L’Équipe. Ces derniers dénonçaient un management « par la peur », basé sur des pressions perpétuelles et des humiliations publiques répétées. Deux enquêtes, menées par un comité d’éthique et l’inspection du travail, ont constaté de nombreux burn-outs et des démissions dans l’équipe de Claude Atcher et ont confirmé les accusations portées à son encontre. Début octobre 2022, son contrat était ainsi rompu pour faute grave.

Le second, président de la FFR pendant sept ans, a démissionné le 27 janvier dernier. En décembre 2022, il a été reconnu coupable de « corruption passive », de « trafic d’influence », de « prise illégale d’intérêts », de « recel d’abus de biens sociaux » et d’« abus de biens sociaux » par le tribunal d’instance de Paris. Cette condamnation concernait notamment le contrat établi entre la FFR et Mohed Altrad, propriétaire du club de Montpellier, dont le groupe est le sponsor principal du maillot des Bleus. 

 

Infographie : Mathias Fleury/EPJT et Mathilde Lafargue/EPJT.

Si le défi organisationnel est de grande ampleur, c’est aussi sur le volet sportif que sont attendus les Bleus de Fabien Galthié. Celui-ci paraît enfin réalisable pour le XV de France, qui avance vers la compétition avec de nombreuses certitudes.

Après une décennie d’errance et d’échecs successifs aux précédentes Coupes du monde, les Bleus recevront cette fois leurs adversaires avec un statut de favori. La France sera donc attendue au tournant, à la fois pour l’organisation de cet événement sportif, mais aussi pour le résultat sportif. Car tous s’attendent à ce que le XV de France remporte son premier sacre mondial devant ses supporters.

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