Le processus de la présidentielle aux États-Unis est un système unique et complexe. Les candidats sont désignés au sein des partis via des primaires et des caucus. Une fois les candidats connus, 538 grands électeurs décident pour 315 millions d’États-uniens. Cette mécanique se répète tous les quatre ans.
Les modes de scrutin et les acteurs varient selon les États et les partis, Républicains et Démocrates en tête. Il existe d’autres partis, moins médiatisés. Les deux scrutins sont indirects : les citoyens états-uniens ne votent pas directement pour les candidats désignés.
(Photo : Un duel incertain s’annonce entre le président sortant, Donald Trump et Joe Biden, le vainqueur des primaires démocrates lors de l’élection présidentielle qui aura lieu le 3 novembre 2020 – Saul Loeb/AFP)
Primaires et caucus
Dans un premier temps, les citoyens élisent indirectement les candidats à l’élection en participant à des caucus ou à des primaires. Le candidat représentant chaque parti est désigné lors d’une grand messe appelée « convention nationale ».
- Un caucus est vote en pyramide, utilisé dans un quinzaine d’États dont l’Iowa, le premier à voter. Les militants d’un parti se réunissent, débattent et élisent leurs représentants, dits délégués, à l’échelle du comté selon le candidat qu’ils soutiennent. Le nombre de comté varie fortement d’un État à l’autre. Parmi les États passant par un processus de caucus, celui qui en possède le moins est Hawaï (5) et celui en possédant le plus est le Kentucky (120). Ces délégués élisent à leur tour des représentants à l’échelle de l’État, qui participeront à la convention nationale
- Les primaires peuvent être fermées, ouvertes ou semi-ouvertes selon les États. C’est-à-dire qu’elles peuvent être réservées aux militants, ouvertes à tous ou ouvertes à condition de ne pas avoir sa carte dans le parti d’opposition. Le principe est simple, chacun vote pour les délégués de son État ou de son territoire et on additionne l’ensemble. Pour répartir les délégués à la convention nationale, la proportionnelle est appliquée partout dans la camp démocrate. Chaque candidat à la présidentielle obtient un nombre de délégués proportionnel au score qu’il obtient dans l’État. Côté Républicain, un autre système cohabite, celui du « winner takes all » : l’ensemble des délégués en jeu sont octroyés au seul candidat arrivé en tête. Il existe aussi un système mixte où une dose de proportionnelle s’ajoute à une majorité acquise.
Le « Super Tuesday » est le jour où sont organisés le plus de primaires et de caucus. Un nombre conséquent de délégués donne une indication sur la tendance de la campagne.
- Certains candidats choisissent de ne pas passer par les primaires et préfèrent se présenter comme candidats libres. Ceux-ci sont la plupart du temps contraints d’arrêter leur campagne car ils sont les seuls à en supporter les coûts.
- Lors des conventions nationales, le résultat final est souvent connu à l’avance. Les délégués s’engagent à voter pour un candidat avant d’être élus, et doivent – en principe – respecter leur dires. Des délégués élus doivent parfois changer leur vote quand leur candidat renonce à l’investiture. Ils reportent alors leur vote sur les candidats restants.
Collège électoral
Une fois les les candidats à l’investiture connus, il faut désigner ceux qu’on nomme les « grands électeurs », qui éliront ensuite le président. Ces derniers ne sont pas choisis par le peuple américain.
- Le Collège électoral (fondé en 1804), est composé de 538 « grands électeurs ». Ils sont choisis le plus souvent par les élus locaux, les dirigeants des partis, et quelques personnes proches du candidat à la présidence. Le mode de désignation varie lui aussi, d’un État à l’autre. Chaque État est représenté par de grands électeurs dont le nombre est égal au nombre de sénateurs et de représentants de cet État au Congrès.
- Certains États ont un rôle fondamental quant au résultat final. La Californie, le plus grand État, possède 55 grands électeurs. Les moins peuplés en comptent au minimum trois. Les États plus grands où la majorité est connue ne sont pas les plus stratégiques. En effet, les États les plus indécis, même petits, peuvent fortement influer sur l’élection en faisant pencher la balance d’un côté comme de l’autre. On les nomme les « swing States ». C’est notamment le cas du New Hampshire, de La Floride, de l’Ohio ou encore de l’Iowa. Pour qu’un candidat soit investi, il doit obtenir la majorité absolue, soit 270 voix. En cas d’égalité, c’est la Chambre des représentants qui choisira le dirigeant des États-Unis pour les quatre prochaines années.
Depuis février, l’AFP propose une série de podcasts « Twenty twenty » au coeur de la présidentielle américaine 2020.
2020 : Une année présidentielle sous tension
L’élection de 2020 devrait voir s’affronter deux hommes. Du côté des Démocrates, après une campagne à multiples rebondissements, Joe Biden a su tirer son épingle du jeu et représentera le parti.Du côté des Républicains, peu de doute, le président sortant Donald Trump semble le mieux placer pour se succéder.
Le suspense était encore présent après les résultats du Super Tuesday qui a eu lieu le 3 mars 2020. Alors même que les résultats des premiers caucus donnaient Pete Buttigieg et Bernie Sanders largement favoris, le Super Tuesday avait rebattu les cartes. Joe Biden, après des débuts compliqués, était relancé dans la course aux présidentielles de 2020. D’autant plus que sur les 29 candidats sur la ligne de départ, ils n’étaient plus que deux hommes à demander l’investiture démocrate : Joe Biden, Bernie Sanders et une femme : Tulsi Gabbard. L’un des grands favoris Pete Buttigieg a jeté l’éponge après le Super Tuesday et a appelé à voter pour Joe Biden qui semblait de plus en plus favori pour défier Donald Trump. Amy Klobuchar et Michael Bloomberg qui se sont également désistés ont fait le même choix. Au lendemain du « mini-Super Tuesday » du 10 mars 2020, Joe Biden a consolidé son avance sur Bernie Sanders. L’ancien vice-président de Barack Obama a remporté largement trois des six états.
Le mardi 17 mars, Joe Biden a renforcé son avance avec ses victoires face à Bernie Sanders dans trois nouveaux États : Floride, Illinois et Arizona. Le jeudi 19 mars, la dernière femme en lice pour l’investiture démocrate, Tulsi Gabbard s’est retirée de la primaire démocrate tout en annonçant son soutien à Joe Biden, « Bien que je ne sois pas d’accord sur tous les sujets avec le vice-président, je sais qu’il a bon coeur et qu’il est motivé par son amour de notre pays et des Américains. »
Ultime rebondissement : le mercredi 8 avril 2020, Bernie Sanders a, finalement, tiré sa révérence. Pour se maintenir dans ces primaires démocrates, Bernie Sanders devait obtenir 58% des voix des délégués lors de la Convention nationale de Milwaukee qui devait avoir lieu en juillet. Suite au Covid-19, celle-ci a été repoussée au 17 août 2020. Elle formalisera la candidature de Joe Biden. Lors d’un discours retransmis en ligne depuis sa maison dans le Vermont où Bernie Sanders a annoncé son abandon, il a tenu à affirmer son soutien à l’ancien vice-président de Barack Obama, « Aujourd’hui, je félicite Joe Biden, un homme très respectable, avec qui je vais travailler pour faire avancer nos idées progressistes ».
Face au candidat démocrate élu, le match risque d’être serré avec le président sortant. Donald Trump, malgré les remous des derniers mois de l’année 2019 semble revenir plus fort et en bonne place pour être réélu. Début février 2020, il a été acquitté suite à la procédure de destitution enclenchée à son encontre par Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants le 24 septembre 2019. Donald Trump était soupçonné de collusion avec l’Ukraine. Il avait demandé au président ukrainien Volodomymyr Zelensky d’enquêter sur des soupçons de corruption visant Joe Biden. Le Sénat a réfuté les deux chefs d’accusation retenus contre le président : abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès. Grâce à cette décision, Donald Trump a renforcé sa domination politique notamment lors du Discours sur l’état de l’Union où il s’est félicité des changements qu’a connu la nation durant son mandat.
Bien sûr d’autres candidats auront la possibilité de se présenter. Le Parti vert des Etats-Unis, le Parti libertarien, l’American Solidarité Party, le Parti de la prohibition, le Parti de la Constitution, le Working Families Party, le Parti socialiste des Etats-Unis, la Socialist Action, le Party for Socialism and Liberation, le Parti paix et liberté et le Bread and Roses présentent aussi des candidats mais sont des petits partis avec très peu de chance de gagner. Du côté des républicains, William F.Weld, l’ancien gouverneur du Massassuchets est le seul candidat à se présenter contre le président. Mais la victoire semble se jouer entre Donald Trump et le vainqueur des primaires démocrates.
Nicolas Sourisce et Lydia Reynaud