Le journal satirique français Charlie Hebdo a été l’objet d’une attaque terroriste mercredi 7 janvier à Paris. Aux alentours de 11 heures du matin, deux hommes armés ont fait irruption dans les locaux de la rédaction, tuant douze personnes et faisant onze blessés. Parmi les morts, on trouve notamment les dessinateurs Charb, Cabu, Wolinski, Honoré ou encore Tignous, l'économiste Bernard Maris ainsi que deux policiers, Franck Brinsolaro et qui s’occupait de la sécurité de Charb, et Ahmed Merabet, qui a été tué au sol. Sur une vidéo filmée par un journaliste, on peut entendre les meurtriers s’écrier immédiatement après le massacre : “Dieu est grand“ ainsi que “On a tué Charlie Hebdo“. Après l’attaque, les deux hommes ont volé une voiture et ont pris la fuite. Le journal a fait l’objet depuis sa création de multiples polémiques, mais c’est une caricature du prophète Mahomet en 2006 qui a mis le feu aux poudres. Depuis, l’hebdomadaire n’a cessé de recevoir des menaces plus ou moins violentes de la part de fondamentalistes islamistes.
Dès l’annonce de l’attentat, les réactions politiques ont été immédiates et unanimes en France. Présent une heure après les faits sur les lieux, François Hollande a dénoncé un “attentat terroriste d’une exceptionnelle barbarie“. Nicolas Sarkozy, président de l’UMP, a évoqué une “tragédie nationale“ quand Jean-Luc Mélenchon, figure majeure du parti de gauche, a parlé d’un “assassinat politique“. Marine Le Pen, présidente du Front National, a dénoncé un “attentat odieux “ et en a profité pour réouvrir le débat sur la peine de mort.
A l’étranger, les personnalités politiques se sont également mobilisées. Parmi ces innombrables réactions, Barack Obama, président des Etats-Unis, et John Kerry, son secrétaire d’Etat, ont déclaré être “aux cotés des Parisiens et des Français“. La chancelière allemande, Angela Merkel, a appelé à dénoncer cette “atteinte à la liberté de la presse“, tandis que le premier ministre britannique, David Cameron, a appelé ses compatriotes à “se tenir aux cotés des Français“.
Plus de 100 000 personnes se sont rassemblées dans toute la France dès mercredi soir pour témoigner de leur émotion et manifester pour la liberté de la presse. Elles étaient environ 35 000 à Paris, entre 13 000 et 15 000 à Rennes ou encore 10 000 à Toulouse. Les manifestants portaient des pancartes sur lesquelles était écrite la phrase "Je suis Charlie" ou brandissaient des stylos en signe de soutien aux journalistes tués. François Hollande a décrété une journée de deuil national le jeudi et les drapeaux ont été mis en berne durant trois jours. Une minute de silence a été observée dans les écoles et universités de tout le pays jeudi à midi et les lumières de la Tour Eiffel ont été éteintes le même jour à 20 heures. A l'étranger, de nombreux rassemblements ont aussi eu lieu comme Londres, Berlins ou New York où plus d'un millier de personnes se sont réunies.
Les deux meurtriers, Saïd et Chérif Kouachi, deux frères, ont été tués vendredi à l'issue d’une prise d’otage dans une entreprise de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne). L’assaut a été lancé aux alentours de 17 heures, alors que les deux frères y étaient retranchés depuis le matin. A la suite de l'attentat de mercredi, les suspects s’étaient enfuis au nord de Paris après une course poursuite. Les policiers avaient retrouvé la carte d'identité d'un des terroristes dans une voiture qu'ils avaient abandonnée, ce qui a facilité leur identification. Il a un temps été question d'un troisième homme et individu âgé de 18 ans, soupçonné d'avoir aidé les frères Kouachi, s’était présenté de lui-même au commissariat de Charleville-Mézières mercredi soir après avoir vu son nom circuler sur les réseaux sociaux. Aucune charge n'a été retenue contre lui. La traque s'est poursuivie avec plusieurs perquisitions dans différentes villes de France, notamment en région parisienne et à Reims. Jeudi matin, vers 10h30, les tueurs ont été repérés dans une station essence près de Villers-Cotterêt, dans l'Aisne, puis dans l'Oise vendredi matin quand ils ont volé une voiture. Une course poursuite s’était alors engagée avec les forces de l'ordre jusqu’à la prise d’otage à Dammartin-en-Goële.
Les frères Kouachi ont été rejoints dans leur entreprise meurtrière par Amedy Coulibaly, un homme avec lequel ils avaient été en contact par le passé. Ce dernier a d'abord tué une policière municipale, jeudi à Montrouge, au sud de Paris, avant de prendre en otage une dizaine de personnes dans une épicerie casher de la porte de Vincennes, dans l'est de Paris, vendredi. Il a rapidement été encerclé par les forces de l'ordre et celles-ci ont donné l'assaut quasi-simultanément à celui de Dammartin-en-Goële. Amedy Coulibaly a été abattu et quatre otages ont été découverts morts, probablement tués avant l'assaut.
Le lendemain de la tuerie, 71 journaux français ont porté le deuil sur leur "une", comme Libération, L’Humanité, Le Figaro, Midi Libre, Le Parisien ou encore L’Equipe. Du côté de la presse étrangère, les réactions ont également été nombreuses et immédiates. Dès le 7 janvier, des journalistes de tous les pays ont fait part de leur tristesse. Seul le Financial Times s’est démarqué de ces témoignages de compassion en déclarant que la ligne éditoriale du journal satirique était "irresponsable" et "stupide", déclenchant une vague d’indignation. Les dessinateurs ont également commémoré la mort de leurs confrères dans la presse. Comme un pied de nez de plus à ceux qui cherchent à les faire taire, les survivants de Charlie Hebdo ont décidé de faire paraître malgré tout le numéro de mercredi prochain qui sera composé de huit pages au lieu de seize ; ils ont été accueillis pour cela dans les locaux de Libération vendredi et le magazine va être aidé financièrement par plusieurs groupes médiatiques.
Les musulmans français se sont montrés révulsés par l’acte terroriste. L’imam de Drancy a notamment déclaré que "leur haine et leur barbarie n’ont rien à voir avec l’Islam". Mohammed Moussaoui, le président de l’Union des mosquées de France, a quant à lui estimé que la religion islamique était "instrumentalisée par des criminels". Les communautés catholiques ont elles aussi condamné l’attentat. Le père Ciro Benedetti, vice-directeur du Bureau de presse du Saint-Siège a fustigé une "atteinte à la liberté de la presse, aussi importante que la liberté religieuse". La réunion qui s'est tenue jeudi entre les représentants des principaux cultes de France a été l’occasion de condamner à l’unanimité l’attentat contre Charlie Hebdo.
LE RESTE DE L'ACTUALITE EN BREF
FRANCE
L’écrivain français Michel Houellebecq a suspendu jeudi 8 janvier la promotion de son dernier ouvrage polémique, Soumission. Touché par le décès de son ami Bernard Maris, journaliste et économiste tué lors de l’attentat contre Charlie Hebdo, Houellebecq a décidé de quitter Paris. Maris lui avait consacré un ouvrage intitulé Houellebecq économiste. Michel Houellebecq était en "une" du numéro de Charlie Hebdo, sorti le jour de l’attentat, dans lequel plusieurs pages étaient consacrées à son ouvrage qui met en scène une France dirigée par un parti musulman en 2022.
Christian Leclerc, maire de Champlan (Essonne), a été accusé d’avoir refusé l’inhumation dans sa commune de Maria Francesca, un bébé rom décédé dans la nuit du 25 au 26 décembre. Le 4 janvier, le maire a démenti avoir pris une telle décision. Manuel Valls a fermement condamné M. Leclerc par le biais de son compte Twitter. Le nourrisson, qui était âgé de deux mois, a finalement été enterré le 5 janvier dans la commune voisine de Wissous. Jacques Toubon, Défenseur des droits, s’est emparé du dossier pour faire la lumière sur cette affaire.
Le secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon, a annoncé qu’il remettait en cause son mandat face à la commission exécutive mercredi 7 janvier. Cette décision est survenue après deux mois de polémiques liées à son train de vie au sein de la centrale syndicale. L’homme de 55 ans, qui dirige le premier syndicat de France depuis mars 2013, a déclaré qu’il laisserait le choix au “parlement” de trancher le 13 janvier.
MONDE
L’Union européenne a dénoncé, mardi 7 janvier, la décision d'Israël de geler le reversement des taxes collectées aux profit de l'autorité palestinienne. Une mesure de sanction prise par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à la suite de la demande d’adhésion de la Palestine à la Cour pénale internationale. Federica Mogherini, Haute représentante de la politique extérieure de l’UE, estime que ce gel des versements est contraire au protocole de Paris de 1944, qui définit les relations économiques entre Israéliens et Palestiniens.
Des sons issus de l’avion d'AirAsia, qui s'est écrasé dans la mer de Java fin décembre, ont été détectés par les équipes de recherche le vendredi 9 janvier. Mercredi, les autorités indonésiennes avaient déclaré avoir découvert la queue de l’avion. Cette partie arrière de l’appareil contient généralement les boîtes noires enregistrant les informations liées aux vols, cruciales pour déterminer les causes de la chute de l’appareil.
En Tunisie, Habib Essid a été nommé Premier ministre par le président Beji Caïd Essebsi lundi 5 janvier. L’élection a fait suite à un accord entre les différents partis du Parlement tunisien dont le parti islamique Ennahdha. Anciennement ministre de l’Intérieur, l’homme de 65 ans, expérimenté dans le domaine de la sécurité et de l’économie, a un mois pour constituer un nouveau gouvernement et obtenir la confiance de l’Assemblée.
Seize villages ont été ravagés par le groupe islamiste Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, mercredi 8 janvier. La ville de Baga, point stratégique pour le groupe terroriste, fait partie des localités rasées. Le bilan, difficile à définir, est d’au moins 170 morts et environ 20 000 déplacés, qui se sont réfugiés dans un camp à Maiduguri. Par ailleurs, quelque 560 personnes sont bloquées sur l’île du lac de Tchad sans aucune nourriture, a précisé le chef du syndicat des pêcheurs de l’Etat de Borno.
Le ministre de la justice belge, Koen Geens, a annoncé le 6 janvier l’annulation de l’euthanasie d’un détenu, prévue cinq jours après. Frank Van Den Bleeken, meurtrier belge de 52 ans, est emprisonné depuis vingt-six ans pour un meurtre perpétré en 1989 et une série de viols. Se jugeant lui-même trop dangereux pour la société, il avait demandé à être euthanasié, comme la loi le permet depuis 2002. La Cour d’appel de Bruxelles avait accepté sa volonté en septembre dernier. Il sera finalement transféré dans un centre de psychiatrie légale.
Environ 18 000 partisans de Pegida se sont de nouveau rassemblés à Dresde (Saxe), en Allemagne, le 5 janvier. C’était la première fois qu’autant de personnes se rassemblaient depuis les onze manifestations organisées par le mouvement, créé en octobre 2014. Cependant, les mobilisations anti-Pegida ont regroupé beaucoup plus de manifestants à travers le pays. 5 000 personnes ont protesté à Berlin, où l’éclairage de la porte de Brandebourg avait été arrêté. Quatre-vingt personnalités ont signé une pétition, publiée le 6 janvier dans le quotidien Bild, pour protester contre le mouvement Pegida, parmi lesquelles les anciens chanceliers Gerhard Schröder et Helmut Schmidt.
SPORTS
Le Dakar, qui a débuté le 4 janvier en Amérique du Sud, a été endeuillé par la mort du motard polonais Michal Hernik, 39 ans, lors de la troisième étape mardi 6 janvier. Les circonstances de sa mort ne sont pas encore connues. Il occupait la 84e place au classement général et participait à son premier Dakar.
Jean-Pierre Beltoise, un ancien pilote de Formule 1 qui avait notamment remporté le Grand Prix de F1 de Monaco en 1972, est décédé lundi 5 janvier à l’âge de 77 ans à la suite d’un accident cérébral.
Le comité olympique américain (USOC) a annoncé jeudi la candidature de Boston aux Jeux Olympiques d’été de 2024. La ville, qui n’a jamais accueilli cet évènement, était en concurrence avec San Francisco, Washington et Los Angleles. La décision a été prise à l’unanimité par les membres de l’USOC après plusieurs tours. Les derniers Jeux Olympiques à avoir eu lieu aux Etats-Unis datent de 1996 à Atlanta pour les jeux d’été et de 2002 à Salt Lake City pour ceux d’hiver. Le choix de la ville sélectionnée devrait être annoncé mi-2017. Rome s’est déjà déclarée candidate.
Après un score de 3-3, Grenoble (CFA) s’est imposée face à l’OM dimanche aux tirs aux buts en 32e de finale de la Coupe de France de football. C’est le tir raté de Florian Thauvin qui a permis aux Grenoblois de se qualifier (5-4 t.a.b) pour les 16e de finale. C’est la première fois en dix ans que l’OM est éliminée dès le début de la compétition.
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