Le gouvernement a connu une avalanche de mauvaises nouvelles lundi 28 novembre. Le Conseil d’Etat a annulé ce jour-là la suspension de culture de maïs OGM de la firme Monsanto, décrétée par deux arrêtés en 2007 et en 2008 par le gouvernement. La plus haute juridiction administrative a estimé que le ministère de l’Agriculture n’a pas “apporté la preuve de l’existence d’un niveau de risque particulièrement élevé pour la santé ou l’environnement” (lire la décision du Conseil d’Etat). Mais une fois n’est pas coutume, le sujet fait l’objet d’une unanimité parmi les responsables politiques de tous bords, qui ont réclamé une nouvelle interdiction. Le gouvernement a annoncé son intention d’établir un nouveau moratoire en tentant de trouver les éléments scientifiques qui pourraient appuyer sa décision.
Dans une ordonnance également établie lundi 28 novembre, le Conseil d’Etat a suspendu le gel des tarifs du gaz pour les particuliers, qu’avait décrété le gouvernement en avril pour un an. L’institution a évoqué “un doute sérieux sur la légalité” de cette décision, que contestaient les fournisseurs alternatifs à GDF Suez (Direct énergie, Poweo, etc.). Le gouvernement se dirigerait vers une hausse moins élevée que ce que réclament les entreprises du secteur (6% contre 10%). Depuis 2005, les tarifs du gaz ont augmenté de plus de 60% car ils sont indexés sur le cours du brut du pétrole, qui connaît lui-même une flambée.
Un peu plus tôt, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), dont la France est membre, a fortement revu à la baisse la prévision de croissance de l’Hexagone en 2012, de 2,1% à 0,3%. De son côté, le gouvernement a maintenu sa prévision de croissance à 1%. L’OCDE prévoit également une “légère récession” dans la zone euro l’année prochaine.
Ce même jour, le ministère du Travail a publié les chiffres du chômage en octobre, constatant une forte hausse du nombre de demandeurs d’emplois. Avec 2,8 millions de chômeurs sans aucune activité (4,2 millions en comptant ceux avec une activité partielle), soit 9,7% de la population active, ces chiffres atteignent un niveau inédit depuis 1999.
Avec ces mauvaises nouvelles, l’UMP n’avait pas trop la tête à répliquer dans l’”affaire DSK”, qui a connu un nouveau rebondissement cette semaine : dans une enquête dévoilée samedi 26 novembre, le journaliste américain Edward Jay Epstein, spécialiste de toutes sortes de “secrets”, retrace la journée de Dominique Strauss-Kahn, le 14 mai, avant d’être arrêté et accusé de viol et agression sexuelle à New York (lire l’enquête en anglais). Le journaliste évoque un possible piratage du Blackberry (perdu ce jour-là) de l’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI). Il affirme également qu’une vidéo issue d’une caméra de surveillance montre une scène de joie de certains employés du Sofitel après avoir appris les faits. Le groupe Accor, propriétaire de l’hôtel, a répondu que cette scène n’avait rien à voir avec “l’affaire DSK” et a refusé de publier la vidéo. En réponse, Edward Jay Epstein a menacé de la diffuser lui-même.
Ces éléments laissent à penser que Dominique Strauss-Kahn aurait été victime d’un complot, peut-être issu de l’UMP, pour l’écarter de la course à l’élection présidentielle, alors que les sondages le donnaient gagnant face à Nicolas Sarkozy. Le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, a aussitôt nié tout lien de l’UMP avec l’affaire, dénonçant “un fantasme”.
Mais la course à l’Elysée continue même sans “DSK”. La candidate écologiste à l’élection présidentielle, Eva Joly, a présenté jeudi 1er décembre son équipe de campagne, appelée sa “ruche” (voir l’organigramme). La direction de la campagne sera assurée par Stéphane Sitbon-Gomez, un jeune (25 ans) diplômé de Sciences-Po. Eva Joly s’est entourée de plusieurs porte-paroles expérimentés, dirigés par Sergio Coronado : Dominique Voynet, maire de Montreuil (Seine-Saint-Denis) et ancienne candidate des Verts à la présidentielle, José Bové, également ancien candidat à l’Elysée, ainsi que l’eurodéputée Michèle Rivasi. La secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Cécile Duflot, et le député de Gironde Noël Mamère -lui aussi ancien candidat à la présidentielle- co-dirigeront le “conseil stratégique” de la campagne.
Un autre candidat est officiellement entré dans la course à l’Elysée, dimanche 27 novembre. Hervé Morin a annoncé sa candidature, qui ne faisait guère de doutes (voir la vidéo de son discours). La candidature du président du Nouveau Centre (NC) et ancien ministre de la Défense, crédité d’à peine 2% dans les sondages, suscite des critiques jusque dans son propre parti, certains, comme son numéro 2 Jean-Christophe Lagarde, préférant un ralliement à l’UMP dès le premier tour.
A l’étranger, au moins 24 soldats du Pakistan ont été tués lors d’un raid aérien de l’Otan, samedi 26 novembre. Il s’agit de la plus grave “bavure” de l’Alliance atlantique dans le pays depuis dix ans. Cet incident a déclenché la colère du Pakistan, voisin de l’Afghanistan et qui a annoncé vouloir revoir tous les accords militaires et diplomatiques avec l’Otan et plus particulièrement avec les Etats-Unis. Mais vendredi, le quotidien américain Wall Street Journal affirme que le Pakistan aurait donné lui-même donné son feu vert au raid, ce qu’Islamabad a aussitôt nié.
En revanche, les Etats-Unis s’apprêtent à retirer leurs dernières troupes d’Irak mais les violences, elles, continuent. Au moins 18 personnes ont été tuées, jeudi 1er décembre, dans deux attaques dans le nord du pays. L’attentat à la voiture piégée dans un marché et l’attaque contre deux chefs tribaux ont coïncidé avec la visite de Joe Biden, vice-président américain.
En Iran, ce ne sont pas les Etats mais, une fois n’est pas coutume, le Royaume-Uni qui a été visé. L’ambassade britannique à Téhéran a été saccagée par des partisans du régime de Mahmoud Ahmadinejad, mardi 29 novembre. Les forces de l’ordre iraniennes ont laissé faire les manifestants, qui commémoraient le premier anniversaire de l’assassinat du scientifique iranien Majid Shahriyari, que les services de renseignement israélien et occidentaux sont soupçonnés d’avoir assassiné. L’attaque de l’ambassade britannique a été unanimement condamnée dans la communauté internationale et le Royaume-Uni a annoncé dès mercredi la fermeture de sa représentation diplomatique en Iran. (Voir la vidéo)
L’attaque de l’ambassade britannique a été unanimement condamnée dans la communauté internationale et le Royaume-Uni a annoncé dès mercredi la fermeture de sa représentation diplomatique en Iran ainsi que de l’ambassade iranienne à Londres. De son côté, la France a temporairement rappelé son ambassadeur en poste à Téhéran.
Le régime en Syrie fait lui aussi face à la contestation internationale. La répression dans le pays a fait au moins 4 000 morts depuis le début de la contestation, en mars, selon un bilan établi par l’ONU jeudi 1er décembre. L’organisation internationale dénonce également des exactions contre des enfants par les forces du président Bachar al-Assad. Sur place, les manifestations continuent malgré la répression, notamment à Hama (nord du pays) et à Homs (centre). Fait rare, une équipe de France 2 a pu réaliser un reportage dans cette dernière ville (voir le reportage de France 2).
Au Yémen, l’accord de transition du pouvoir signé le 23 novembre en Arabie Saoudite n’a pas mis fin aux violences. Au moins 21 personnes ont été tuées par des bombardements de l’armée, jeudi 1er et vendredi 2 décembre à Taëz, dans le sud-ouest du pays. Le chef de l’opposition a été chargé dimanche de former un gouvernement d’entente nationale.
Au Maroc, un gouvernement de coalition est également recherché après la large victoire les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD) lors des élections législatives, dimanche 27 novembre. Le PJD a remporté 107 des 395 sièges que compte le Parlement. Son leader, Abdelilah Benkirane, a logiquement été nommé Premier ministre par le roi Mohammed VI mais il doit encore conclure de difficiles négociations pour former une majorité parlementaire et un gouvernement de coalition.
On votait également, lundi 28 novembre, en République démocratique du Congo (RDC), pour les élections présidentielle et législatives. Les résultats définitifs ne seront pas annoncés avant le 6 décembre mais certains candidats demandent d’ores et déjà l’annulation du scrutin en raison d’irrégularités et de violences. Plusieurs morts sont à déplorer ainsi que l’incendie de certains bureaux de vote.
C’était une élection présidentielle, en décembre 2010, qui a déclenché une guerre civile en Côte-d’Ivoire avant la chute de son président, Laurent Gbagbo. Ce dernier a été transféré à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye (Pays-Bas), dans la nuit du mardi 29 au mercredi 30 novembre. Il est notamment accusé de crimes contre l’humanité commis entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011. Selon le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo, la crise post-électorale en Côte d’Ivoire aurait fait 3 000 morts. Auparavant détenu dans son pays, Laurent Gbagbo, qui comparaîtra dès le 5 décembre, est le premier ex-chef d’Etat à être placé en détention à la CPI depuis la création de la juridiction internationale en 2002.
En Norvège, Anders Behring Breivik ne connaîtra probablement pas la prison. L’auteur de l’attentat d’Oslo et de la tuerie d’Utoya a été déclaré pénalement irresponsable par deux experts psychiatriques. Ils évoquent une “schizophrénie paranoïaque”, qui l’aurait conduit à tuer 77 personnes le 22 juillet. Cette conclusion devrait permettre à Anders Breivik, âgé de 32 ans, d’échapper à la prison mais d’être interné dans un hôpital psychiatrique à vie.
Après 535 jours de blocage, la Belgique a fait un grand pas vers un nouveau gouvernement, mercredi 30 novembre, avec la signature d’un accord de principe par six partis politiques. Chargé par le roi de conduire les négociations, Elio Di Rupo devrait devenir Premier ministre, devenant ainsi le premier francophone à la tête d’un gouvernement belge depuis plus de trente, et le premier socialiste depuis 1974. La situation s’est débloquée avec l’accord des partis sur un budget de rigueur afin de réduire le déficit public.
Le tirage au sort de l’Euro de football 2012 a été plutôt clément pour l’équipe de France, vendredi 2 décembre. Les Bleus affronteront en juin l’Ukraine (pays co-organisateur avec la Pologne), l’Angleterre et la Suède.
En tennis, Jo-Wilfried Tsonga est devenu le deuxième joueur français à accéder à la finale du Masters, qui rassemble chaque fin d’année les huit meilleurs joueurs mondiaux, en battant le Tchèque Tomas Berdych samedi 26 novembre (6/3, 7/5, voir le résumé en vidéo). Mais il a été battu en finale dès le lendemain par le Suisse Roger Federer (6/3, 6/7, 6/3, voir le résumé en vidéo), qui a ainsi remporté son sixième Masters, un record.
EN BREF
En France…
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L’ancien prêtre Pierre-Etienne Albert a été condamné à cinq ans de prison pour pédophilie par le tribunal correctionnel de Rodez (Aveyron), jeudi 1er décembre. Il a été reconnu coupable d’agressions sexuelles sur 38 enfants, âgés de 2 à 15 ans, entre 1985 et 2001. Au total, il a reconnu 57 faits mais les délais de prescription étaient parfois dépassés.
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L’animateur de télévision Jean-Luc Delarue a annoncé vendredi 2 décembre qu’il souffrait d’un cancer de l’estomac. Il avait été hospitalisé le 17 novembre pour une occlusion intestinale.
Dans le monde…
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Près de 2 millions de fonctionnaires britanniques se sont déclarés en grève, mercredi 30 novembre au Royaume-Uni, dans le mouvement le plus suivi depuis 1979. Ils protestent contre la drastique réforme des retraites imposée par le gouvernement, qui prévoit notamment un nouveau mode de calcul des pensions, qui résultera en une baisse générale, et le recul progressif de l’âge légal de départ jusqu’à 68 ans. Le Premier ministre britannique, David Cameron, n’entend pas modifier la réforme.
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Déjà déclaré coupable d’homicide involontaire pour la mort du chanteur américain Michael Jackson, son ex-médecin, Conrad Murray, a été condamné à quatre ans de prison (soit la peine maximale pour ce crime en Californie), mardi 29 novembre à Los Angeles. Il a été reconnu coupable d’avoir intoxiqué Michael Jackson en lui prescrivant régulièrement du propofol, un puissant anesthésiant.
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Les deux hommes de 25 ans accusés d’avoir organisé l’attentat de Minsk, capitale de la Biélorussie, en avril, entraînant la mort de 15 personnes, ont été condamnés à mort par la Cour suprême du pays, mercredi 30 novembre. Ils ont également été reconnus coupables de deux attentats à l’explosif en 2005 et 2008. Leurs revendications restent inconnues.
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En Colombie, la guérilla des Forces armées révolutionnaires colombiennes (Farc) a exécuté 4 otages samedi 26 novembre, pendant une tentative de l’armée colombienne pour les libérer après dix ans de captivité, tandis qu’un autre otage est parvenu à s’enfuir. Le Haut commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a estimé que ces morts pourraient relever du « crime contre l’humanité ».
Dans les sports…
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La situation est bien mal engagée pour les deux clubs de football engagés en Ligue Europa. Le Paris Saint-Germain s’est rapproché d’une élimination en s’inclinant jeudi 1er décembre chez les Autrichiens de Salzbourg (0-2, voir le résumé en vidéo), tandis que Rennes n’a déjà plus aucun espoir d’accéder au tour suivant après son match nul contre les Italiens de l’Udinese (0-0).
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L’Australien Mark Webber a remporté dimanche 27 novembre le dernier Grand Prix de Formule 1 de la saison, à Interlagos, au Brésil. Il a terminé devant son coéquipier, Sebastian Vettel, déjà assuré de conserver son titre de champion du monde depuis plusieurs courses. L’Allemand s’est également adjugé samedi le record de pole position en une saison, en partant pour la quinzième fois (sur 19 courses) depuis la première place sur la grille de départ.
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